Fict : l’intelligence économique au menu
« De véritables opportunités existent pour notre industrie agroalimentaire sur le plan mondial.» Alain Juillet, haut responsable chargé de l'Intelligence économique au secrétariat général de la Défense nationale, a fait part de cette conviction mardi aux assises de la fédération des industriels de la charcuterie et du traiteur (Fict). Il répondait au thème d'une conférence sur la mondialisation. Est-elle une chance pour la charcuterie française ? La question se pose, alors que le secteur enregistre pour la première fois un déficit de sa balance commerciale (lire LM d'hier).
« La concurrence sera de plus en plus forte», a nuancé Alain Juillet. Tous les repères explosent en ce 21e siècle, qui s'ouvre sur un monde nouveau. Une quinzaine de pays dominent la planète, mais les autres réclament leur part du gâteau de la croissance. Le renforcement de la concurrence aura des conséquences sur le mode de fonctionnement des entreprises, leur gouvernance, et aura un impact sur la nature des produits, des services.
« Le monde entier est devenu marché», a-t-il souligné. De nouvelles opportunités se présentent partout. Les entreprises peuvent en profiter, à condition de ne pas rester dans leur coin. Il existe ailleurs des consommateurs prêts à acheter les produits, certes un peu adaptés. Encore faut-il les proposer. Cette globalisation constitue également une menace. Car les autres pays peuvent exercer une concurrence sur le marché domestique.
« Pour gagner la compétition, il faut jouer sur ses points forts». Les pays émergents peuvent gagner des parts de marché en jouant sur leur faible coût de main d'œuvre, l'enthousiasme de leurs salariés. Les grandes puissances auront du mal à lutter sur les prix. Leur stratégie doit s'appuyer sur la différenciation. Cela implique des investissements en matière de recherche, d'innovation. L'utilisation de techniques modernes permet de produire en plus grande quantité, à de meilleurs prix.
Partenariat entre public et privé
« La France est une référence dans le domaine alimentaire», a insisté Alain Juillet. Nos entreprises doivent se différencier avec des produits de tradition. La forte concurrence implique d'être réactif. Il faut pour cela s'adapter, car les marchés étrangers ne fonctionnent pas forcément comme les nôtres, et anticiper, en utilisant toutes les technologies de l'info.
« Une des clés du monde moderne est la maîtrise de l'information.» L'entreprise doit trouver les meilleures méthodes pour acquérir des connaissances sur les marchés potentiels, savoir comment parler aux gens, quelles sont les recherches effectuées par les concurrents, imaginer les tendances futures. C'est ce que vise l'intelligence économique. Elle permet aux décideurs de maîtriser l'information stratégique utile.
« Les partenariats entre public et privé sont indispensables», a-t-il conclu, citant entre autres exemples les Etats-Unis et la Suède. Reste encore à s'approprier la démarche de l'intelligence économique, au niveau de l'Etat, des chambres de commerce, des fédérations et des entreprises.