Faut-il avoir peur des descendants de clones?
Des animaux de boucherie descendant de clones apparaîtront dans la chaîne de consommation dans les toutes prochaines années, ont estimé des experts à l'occasion de la présentation la semaine dernière d'un rapport de l'Afssa. De la viande de bovin issue de descendants de taureaux clonés pourrait être mise sur les marchés aux Etats-Unis « dans deux à trois ans » si les autorités américaines en donnent l'autorisation, a déclaré à la presse l'un des auteurs, le biologiste Louis-Marie Houdebine. A l'approche de cette échéance, l'Afssa a réalisé un rapport intitulé « Bénéfices et risques liés aux applications du clonage des animaux d'élevage » concluant qu'il faudra « accumuler des données sur plusieurs générations » avant la mise sur le marché de produits (viande ou lait) provenant de descendants de clones.
Une surveillance nécessaire
« La cible évidente du clonage à des fins d'élevage, ce sont les « taureaux ayant des qualités particulières », a souligné Maxime Schwartz, chargé de la coordination scientifique pour le rapport de l'Afssa. Il apparaît, ont noté les deux experts, que les clones ont parfois des anomalies (excès de poids, hépatites…), qui disparaissent chez leurs descendants. A priori, selon M. Houdebine, leur commercialisation pourrait être « autorisée, tout en imposant une surveillance » afin de respecter le principe de précaution.
Dans un premier temps, le rapport recommande notamment la création de « troupeaux spécifiquement dédiés à l'étude des clones et de leurs descendants», ainsi que d'un « comité de surveillance » pour suivre les travaux des différents laboratoires impliqués dans « l'étude des effets secondaires du clonage des animaux d'élevage ».
L'Afssa s'est également penchée sur le risque de réduction de la diversité génétique dans le cas où tous les troupeaux feraient appel à un nombre limité de géniteurs issus de clonage. Pour M. Schwartz, le clonage pourrait être au contraire « une méthode pour réintroduire une diversité en train de se perdre ».
Enfin, le rapport de l'Afssa aborde « le bien être animal». L'Agence reconnaît que les anomalies et pathologies observées chez ces animaux sont « inhérentes à la technique de clonage » mais recommande que soient pris en compte « des critères de bien-être dans les programmes de suivi des animaux issus du clonage ».