Farre s'oriente vers une qualification collective
Arrivée au terme de son mandat, Christiane Lambert vient de quitter la présidence de Farre (Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement) pour laisser sa place à Bernard Guidez, producteur de porcs et de céréales dans le Sud-Ouest. Le nouvel arrivant ne va pas manquer de travail, avec une agriculture raisonnée (AR) qui progresse pas à pas (environ 800 exploitations qualifiées fin juin, alors que le gouvernement s'est fixé le difficile objectif d'atteindre 30% des exploitations agricoles en 2008). « On veut aller vite, mais cela va nous demander du temps, car nous travaillons au rythme des saisons», explique t-il.
Pour faire grossir le nombre d'exploitations qualifiées, Farre ne se voit pas comme un acteur, mais plutôt comme un communicant auprès des organisations professionnelles, à même de faire basculer leurs adhérents dans la démarche. La volonté est d'établir des ponts entre les acteurs économiques et les exploitations, à l'image du partenariat noué entre le Groupe Occitan et la Chambre d'Agriculture de Haute-Garonne. Un technicien du groupe repère les exploitations qualifiables, et passe le relais au technicien de la Chambre. « Il y a un élément important à développer, c'est l'horizontalité de la démarche» insiste Bernard Guidez. « Auparavant, on raisonnait par produit, mais l'agriculture raisonnée c'est un tout ! C'est le seul moyen de dire qu'un produit est issu d'une exploitation citoyenne. D'ailleurs Valfrance s'est engagée à rentrer dans la démarche. Elle a compris que le blé issu de l'agriculture raisonnée n'est pas un blé de qualité au sens du label, mais un blé qui répond à un comportement environnemental».
Plus économique
Le nouveau président, qui de son aveu dispose d'un carnet d'adresses plus économique que Christiane Lambert, entend bien s'en servir pour pousser à la qualification collective. « Mon travail va consister à convaincre les acteurs. Car tout le monde est a priori contre l'agriculture raisonnée, mais personne ne sait vraiment de quoi il s'agit. Et d'autres savent que c'est une voie d'avenir, mais ils ne souhaitent pas se couper de leurs troupes». Vécue comme une contrainte, notamment au niveau administratif, l'agriculture raisonnée doit apparaître comme le moyen de réconcilier le grand public avec l'agriculture, en étant à l'origine de produits adaptés aux demandes et en jouant la transparence. « Il est important de montrer que nos pratiques sont d'une modernité nécessaire. Parler d'agriculture durable ou paysanne c'est bien, mais cela ne renvoie à rien. Avec l'AR, nos engagements sont écrits et il existe un véritable référentiel», explique M. Guidez, conscient de l'impérieux besoin de grossir. « Nous devons initier un comportement collectif qui va entraîner les individus. Il faut qu'on avance, sinon nous sommes morts».