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Farine : la filière fortement déstabilisée

Pris de court par l’augmentation fulgurante du blé, les professionnels de la meunerie tentent de s’adapter.

«En un an et demi, le prix du blé a augmenté de 300 %, passant de 100 euros en mars 2006 à 300 euros la tonne à la mi-septembre ». Le constat d'Hervé de Romémont, président du directoire des Moulins Dumée (Sens, Yonne), est accablant. Les raisons de cette flambée des prix sont multiples : les conditions climatiques désastreuses ont considérablement perturbé la maturité des épis, fragilisant l'offre de manière quantitative et qualitative. « Dans notre région, on constate une baisse du rendement meunier, ce qui augmente le prix de revient », souligne Jean-Philippe Nicot, directeur commercial des moulins Joseph Nicot, basés en Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes. De fait, l'offre devient insuffisante face à une demande croissante, émanant notamment des pays émergents. Enfin, le secteur du blé s'inscrit désormais dans une logique concurrentielle mondiale, concrétisée par le cours indiqué par le MATIF (marché à terme parisien). Une compétition derrière laquelle Hervé de Romémont soupçonne de fortes manœuvres spéculatives.

Des contrats négociés au jour le jour

Aussi soudaine qu'élevée, cette augmentation de près de 100 euros la tonne cet été fait suite à une première inflation enregistrée en mai-juin. Aucun professionnel n'avait anticipé cette crise et chacun, artisan comme industriel, se voit contraint de réagir rapidement, en la répercutant à nouveau sur les prix. « Nous sommes pris en étau entre nos fournisseurs et les distributeurs qui nous pressent pour ne pas augmenter nos tarifs, regrette Christine Mermillod-Laruaz, qui dirige la boulangerie industrielle la Gerbe Savoyarde, basée à Annecy. Pourtant, nous nous contentons de reproduire l'augmentation sur nos tarifs, nous ne réalisons aucune marge supplémentaire. C'est une obligation conjoncturelle, voire structurelle, qui s'impose à tous. Je pense qu'il faudra un peu de temps pour reconstituer les stocks mondiaux de blé. »

Pour atténuer l'impact de la crise sans changer les habitudes d'achat, certaines sources de dépenses extérieures à la production devront être réduites. « Nous allons demander à nos clients de faire des efforts sur les quantités, d'éviter les commandes de dépannage, afin d'économiser au moins sur les transports », explique Jean-Philippe Nicot. Autre impact de cette crise du blé, les minotiers revoient totalement leurs principes de travail. En effet, les fluctuations leur demandent une réactivité accrue, et une constante adaptation au marché. « Nos contrats sont renouvelés au fur et à mesure avec le prix du blé du jour, souligne Hervé de Romémont. Les négociations ne sont désormais valables que 24 heures, nous n'avons jamais été habitués à cela. Nous ne faisons qu'augmenter nos prix, mais nous restons toujours derrière l'événement. »Inquiets, certains professionnels parlent d'ores et déjà d'adapter à terme la structure de leurs entreprises aux contraintes du marché. « L'ensemble de la profession est en péril », conclut Hervé de Romémont.

Rédaction Réussir

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