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Fabienne Gomant, Ifop : « Une image largement positive du monde agricole »

Les Français accordent leur confiance aux agriculteurs sur deux aspects étroitement liés : le respect de la santé et de l’environnement.

Fabienne Gomant, 
directrice de clientèle au
département Opinion et
stratégies d’entreprise de
(Ifop).
Fabienne Gomant,
directrice de clientèle au
département Opinion et
stratégies d’entreprise de
(Ifop).
© Ifop

Quelle est l’image de l’agriculteur auprès des Français, et plus particulièrement celle de l’éleveur laitier ?

F. G. - Le dernier baromètre d’image des agriculteurs, réalisé par l’Ifop pour Dimanche Ouest-France, fait état d’une confiance largement majoritaire de la part du grand public à leur égard. Certes, ce soutien s’est quelque peu érodé depuis l’affaire Spanghero mais il demeure largement majoritaire avec 70 % en février 2016 contre 80 % en février 2013. Bien que ce scandale ait concerné le domaine agroalimentaire et non agricole, celui-ci a eu un impact plus large. Quant à la perception des producteurs de lait par rapport au secteur de la viande, c’est surtout au travers de leurs produits que ces filières véhiculent leur image. Alors que le lait bénéficie encore d’une valeur nourricière, associée à la blancheur et à la douceur, la viande, avec la vue du sang, peine davantage à projeter une image inoffensive.

Quels éléments expliquent ces regards ?

F. G. - Tout d’abord, subsiste dans l’opinion publique l’image d’une agriculture faite de modèles traditionnels, à savoir des exploitations à « taille humaine », où l’éleveur connaît chacun de ses animaux. Et même si cette naïveté tend à se relativiser au fil du temps, l’image d’Épinal demeure. En outre, la dernière mesure du baromètre a permis d’observer une hausse sur deux aspects interdépendants que sont la santé des consommateurs et l’environnement. En effet, le grand public s’exprimant avant tout en tant que consommateur, c’est-à-dire au regard du produit issu de l’agriculture, si celui-ci est considéré favorablement pour la santé, alors il ne peut en être autrement pour l’environnement. Ces deux domaines gagnent respectivement 7 et 5 points en un an, soit 59 % et 49 % d’interviewés estimant que les agriculteurs sont respectueux dans ces deux domaines.

Quelle est la perception des crises agricoles ?

F. G. - Si les Français se montrent plutôt pessimistes quant à la modernité et la compétitivité de la profession, avec respectivement 59 % et 44 % qui estiment que ces items « s’appliquent bien » aux agriculteurs, ils ne semblent pas pour autant leur jeter la pierre. En effet, ils leur accorderaient une sorte de compassion, ayant conscience à la fois de la difficulté du métier et de sa faible rémunération mais aussi du contexte économique général difficile. Par ailleurs, nous avons mesuré au fil du temps l’opinion à l’égard de mouvements de manifestation émanant de différents corps de métier. Et c’est la profession agricole qui a toujours recueilli le plus fort soutien populaire.

Dans les médias, la profession est pourtant chahutée sur les questions du bien-être animal, des antibiotiques, des pesticides…

F. G. - Certains discours détracteurs commencent à devenir audibles au sein de l’opinion publique et certaines pratiques agricoles deviennent de plus en plus visibles. La ferme des 1 000 vaches, par exemple, est un symbole d’élevage intensif que les Français rejettent majoritairement. Par ailleurs, des pratiques telles que l’utilisation des antibiotiques, des pesticides, etc., qui sont mal connues par le grand public, sont associées à l’élevage intensif, donc mal perçues. La solution pour entretenir une image favorable ne semble pas forcément résider dans une démarche de transparence. Car, à moins d’être connaisseur, certaines pratiques comme le gavage des canards peuvent être perçues de façon violente, même exercées dans les meilleures conditions possibles, pour qui est éloigné de ce milieu. Il semblerait que la profession ait davantage à gagner en communiquant sur les efforts engagés, notamment en s’appuyant sur des dispositifs existants, comme par exemple la charte des bonnes pratiques d’élevage ou le plan Écophyto pour l’agriculture…

IDENTITÉ

Fabienne Gomant est directrice de clientèle au département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Institut français d’opinion publique (Ifop). Elle s’appuie pour cette analyse sur les résultats de différents sondages et notamment sur le Baromètre d’image des agriculteurs, réalisé pour Dimanche Ouest-France (étude quantitative réalisée par questionnaire autoadministré en ligne, auprès d’un échantillon de 1 915 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, du 22 au 24 février 2016). Elle est l’auteur de l’article intitulé « L’image des agriculteurs auprès du grand public, réelle bienveillance mais porosité au traitement médiatique de l’actualité de la profession », paru dans Demeter 2017.

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