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Exportation de blé : Chine et Egypte, des stratégies différentes

Voyage de Jacques Chirac en Egypte, visite du vice-Premier ministre chinois en France : Jean-Jacques Vorimore, président de France export Céréales, revient pour Les Marchés sur une actualité chargée pour le secteur.

Les Marchés : A l’occasion de la récente visite en France du Premier ministre chinois, en charge de l’agriculture, les deux pays ont signé un protocole de coopération pour la mise en place en Chine d’un centre pilote sino-français pour la production, l’amélioration des variétés et la transformation du blé. En revanche, la concrétisation du protocole signé il y a un an pour la fourniture de 500 000 tonnes de blé français à la Chine au cours de la campagne 2005-2006 n’a pas été confirmée clairement par monsieur Hui Liangyu. La France n’apparaît pas comme la grande gagnante dans cet échange.

J.J Vorimore : Le protocole de 500 000 tonnes avait été précédé d’un contrat qui, lui, a été concrétisé. Ce blé avait été mis en « réserve stratégique » par les Chinois et il n’a pas encore été transformé, la récolte locale ayant été meilleure que prévu. Je souhaite qu’il le soit rapidement pour que la Chine exécute la seconde tranche d’achat de 500 000 tonnes. Il est néanmoins probable que ce ne sera pas avant la prochaine campagne car le Premier ministre chinois, qui n’est pas un philanthrope, a bien précisé que l’opération se ferait en fonction des besoins nationaux de la Chine et de la compétitivité des blés français sur le marché international.

La Chine est un client potentiel important car structurellement déficitaire en blé et le blé français y est apprécié. Mais les Chinois sont très demandeurs de transferts technologiques (on l’a constaté en matière d’aviation commerciale) et la collaboration technique souhaitée par leur Premier ministre s’inscrit dans cette stratégie ; la nôtre est de consolider un débouché commercial. Il faut raisonner cette affaire dans un esprit gagnant-gagnant.

Je vous rappelle au passage que France Export Céréales a déjà mené des actions de collaboration technique avec les professionnels Chinois en recevant notamment, l’année dernière, des meuniers chinois. Il faut ajouter que la promotion des céréales françaises en Chine a permis d’établir un solide courant d’exportation pour nos orges de brasserie vers ce pays.

Égypte : un nouveau partenariat

Les Marchés : Tandis que le Premier ministre Chinois était en France, le président de la République se trouvait en Égypte et vous faisiez partie des délégations qui l’accompagnaient. L’Égypte est une vieille connaissance pour France Export Céréales et l’un des tout premiers clients pour le blé français. Les contacts que vous avez pu avoir au cours de ce voyage vous ont-ils semblé prometteurs pour la suite de nos échanges avec ce partenaire ?

J-J Vorimore. Non seulement prometteurs mais aussi très instructifs. La position du blé français sur le marché égyptien est traditionnellement forte et depuis le début de la campagne jusqu’au 1er avril nous avons vendu au GASC, l’organisation nationale qui gère l’essentiel des importations égyptiennes de blé, 1,35 million de tonnes de blé. C’est un peu moins que l’Australie (1,44 million de tonnes) mais nettement mieux que les Etats-Unis (1,05 million de tonnes) ; d’ailleurs, les exportateurs américains eux-mêmes rendent hommage à plus grande compétitivité du blé français sur ce marché que nous avons beaucoup prospecté.

Ainsi, même avec le dollar bas et en espérant des restitutions qui en tiendront compte, nous passons mieux sur l’Égypte que les Américains. Les Australiens, en transitant par la mer Rouge, sont moins pénalisés que les exportateurs US pour les coûts de transport et sont concurrentiels par rapport à la France. Cependant, notre plus redoutable concurrent à terme, c’est la Russie. Elle a certes vendu depuis le début de la campagne, moins de un million de tonnes par l’intermédiaire du GASC, mais en fait elle est devenue le premier fournisseur de l’Égypte car elle pratique une méthode qui va dans le sens de l’évolution du marché égyptien, en négociant directement avec les acheteurs.

Les grands fournisseurs traditionnels de ce marché, l’Australie, les USA et la France ont pour habitude de travailler avec le GASC qui remplissait jusqu’alors le rôle d’un ministère de l’approvisionnement. Avec le nouveau gouvernement, cet organisme devient beaucoup plus proche d’un ministère du commerce.et alors qu’il régissait jusqu’à présent 70 à 80 % des importations de blé contre 20 à 30 % pour le commerce indépendant, le rapport risque rapidement de s’inverser. Les Russes ont donc déjà pris les devants en traitant prioritairement avec le commerce. Il faut nous adapter à cette évolution et France Export Céréales développe les contacts avec le négoce égyptien.

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