Exotique
Tandis que le salon de l’Agriculture battait son plein, je me suis hasardé une heure ou deux dans un de ces grands magasins de sport dont la civilisation du loisir a fait le succès. Un commerce où les réfractaires à l’effort physique et à la compétition trouvent aussi leur bonheur. Dans ce genre d’endroit, on propose en effet surtout des textiles de mode qui vous donnent l’allure du sportif, ce qui est bien l’essentiel. C’était dans les faubourgs d’Auxerre, une cité très rurale, cernée de grandes cultures, d’élevage et de vignes. Pour combler l’ennui que ce genre d’endroits m’inspire, j’ai emprunté dans les rayons la route pleine d’imprévus des étiquettes. Un voyage très exotique. Il vous emmène en Inde, en Chine, au Pakistan, et plus loin encore. Bref, ici, les pays émergents émergent. Et même, ils submergent. Les prix dérisoires de certains vêtements font oublier l’inflation. Les produits de l’industrie textile nationale ont été pulvérisés par ce dumping et boutés hors des rayons. Le sportswear français se contente des miettes ; l’origine nationale ne lui permet même pas de maintenir un segment de marché et deux ou trois mètres linéaire (suivez mon regard…). C’est ce genre d’expérience qui fait comprendre l’importance que tient une manifestation comme le salon de l’Agriculture dans l’inconscient national. Le SIA entretient l’aspiration du public à une consommation de proximité- donc durable-, dans le domaine alimentaire. Serait-ce la seule raison d’être d’un rendez-vous comme celui-là, elle serait suffisante pour le justifier. Au fait, mais cela n’a rien à voir bien sûr, le n°1 brésilien de la viande bovine, est devenu cette semaine le n°1 aux Etats-Unis. Non, vraiment, ça n’a rien à voir.