Even conforte sa politique de niches
L'industrie laitière à la façon d'Even (Ploudaniel, Finistère) n'a rien d'une sinécure, mais elle conforte le schéma selon lequel il vaut mieux être un spécialiste de petites séries que de manier des « gros canons à beurre ». C'est pourquoi le directeur général d'Even, Christian Couilleau a indiqué vendredi que son groupe - 330 millions de litres de lait, 885 millions d'euros de CA et 3 700 salariés -, a investi 25 millions dans des secteurs qui ne dépendent pas des aides de la PAC. 10 millions portent sur l'accroissement des lignes de fabrication de yaourts pour MDD européennes. Ces lignes de 600 000 pots/jour vont faire de Ploudaniel un site « ultra-frais » de 50 000 tonnes de capacités, porté par la marque « Mamie Nova ». Le second investissement concerne le pôle fromager qu'Even partage avec Coopagri Bretagne et Terrena dans Laïta. 8 millions d'euros vont être engagés dans l'usine de pâte pressée cuite pour hisser ses capacités de 24 000 à 30 000 tonnes. La Fromagerie de l'Iroise devrait également accueillir d'autres références de pâtes similaires, notamment pour accéder plus facilement aux marchés de l'industrie. Un troisième dossier d'investissements (2 millions d'euros) devrait aboutir début 2007 dans l'usine de Plancoët. Il s'agit de fromages pour l'industrie, mais le directeur général Christian Couilleau n'en dit pas plus. Ainsi la stratégie mise en œuvre par Even il y a plus d'une dizaine d'années porte ses fruits. Très précocement, le petit groupe laitier avait tenté l'aventure des niches.
Even Santé Industrie s'est d'abord fait une place au soleil de la nutrition clinique avec un spécialiste, Novartis. Depuis peu, cette filiale étend son expertise à d'autres métiers alimentaires « aseptiques », c'est-à-dire adaptés à différents régimes. « D'ici la fin de l'année, poursuit M. Couilleau, nous allons investir 5 millions d'euros pour intégrer les flacons dans notre gamme qui comprend actuellement les coupelles et briquettes».La politique profite aussi à l'exportation qui représente pour la seule partie laitière 20 % des ventes. « Viser les 25 % à terme peut-être légitime», selon le dg. Le groupe produit également 20 000 de viande de veau - la filiale Kerguélen pèse 20 % du CA - et 380 000 tonnes d'aliments du bétail.