EurepGAP : la longue route vers l’harmonisation
Le sixième colloque international EurepGAP qui vient de se terminer à Paris Beau a connu un beau succès: plus de 400 délégués du monde entier (avec la présence remarquée de la délégation chinoise) se sont réunis pendant trois jours pour faire l’état de l’art du système mondial d’harmonisation des standards de production. On est désormais bien loin des premiers balbutiements de la méthode, il y a près de dix ans, quand quelques distributeurs se réunissaient pour convenir d’une chose : face à une demande croissante d’informations des consommateurs, il fallait trouver un socle commun de pratiques et éviter la pléthore de démarches individuelles. C’est à Paris en 1999 qu’eut lieu la première conférence internationale d’EurepGAP et la distribution française, hormis Monoprix, se fait toujours plus que discrète. Bon an, mal an, après avoir investi le domaine des fruits et légumes, EurepGAP s’est occupé des produits de la mer, de l’horticulture, de l’élevage, mais aussi du café. De tout cela il fut question lors de ces trois jours.
De cela et aussi du bien être animal. Dans sa recherche de standards communs favorisant une agriculture saine et durable. EurepGAP ne pouvait rater le coche. La première salve a été tirée par Johann Züblin, de Migros, qui a expliqué le système du distributeur suisse. Depuis plusieurs années, Migros a mis en place un programme normatif pour ses produits de viande allant de l’alimentation animale à la traçabilité en passant par la santé, le transport (un thème encore non abordé totalement par EurepGAP), l’abattage et les contrôles. Ce programme concerne aujourd’hui 70 % de la viande de porc et de bœuf vendue par Migros et 50 % de la volaille et du mouton, la certification EurepGAP intervenant à terme comme le cahier des charges de base pour le sourcing viandes du distributeur. Plusieurs autres présentations de procédures (porc en Espagne, volailles au Brésil, viande en Uruguay et en Australie par exemple) furent exposées, un des principes d’EurepGAP étant de faire du benchmarking (démarche comparative) avec ces démarches pour trouver le plus grand dénominateur commun afin de faire une certification.
Un plan stratégique sur le bien-être
L’intervention de Harry Blokhuis, de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) a donné à réfléchir. Il a présenté le projet européen sur le bien-être animal inscrit dans le sixième programme-cadre et doté d’un budget de 17 millions d’euros. Expliquant les conclusions de l’Eurobaromètre sur le sujet en juin dernier qui soulignait l’inquiétude du citoyen européen face à d’éventuelles maltraitances du bétail, il a décrit les stratégies devant être mises en place : pratiques pour les éleveurs, informatives pour le consommateur, avec comme but ultime un bien-être amélioré.
Surtout, Harry Blokhuis a établi que le travail sera axé sur l’animal lui-même - mortalité, niveaux de peur et de stress, conditions physiques, santé - et non sur « le nombre de bêtes au mètre carré». Ces informations devront alors être traduites clairement et permettre une meilleure information et l’établissement d’une norme. Face aux réactions de l’assistance, il souligna qu’une politique européenne centrée sur l’animal devrait prévaloir. Et d’ajouter qu’une récente proposition de directive UE incluait ce paramètre « animal» et même que la DG SANCO était ne train de rédiger un plan stratégique sur le bien-être animal. Du grain à moudre pour l’intégrateur de normes et de certifications qu’est EurepGAP.