Euralis Gastronomie se renforce tous azimuts
Les Français ne sont plus les seuls à consommer du foie gras. La coopérative du Sud-Ouest Euralis l’a bien compris, et en même temps qu’elle confirmait le rachat de la société de plats cuisinés Papillote (annoncé dans notre édition de vendredi), elle a indiqué hier sa prise de participation majoritaire dans plusieurs sociétés basées à l’étranger. Brezovo, 1er producteur de foie gras bulgare (20 M Eur de CA) et les Canadiens Palmex-Aurpal (3 M Eur de CA) passent ainsi sous le giron du Français, qui entend profiter de l’explosion du foie gras à l’international (+13,5% l’année dernière selon le Cifog), une croissance supérieure à celle enregistrée en France. Après une première étape réussie quant au développement des exportations, Euralis Gastronomie souhaite passer à la vitesse supérieure en s’implantant directement sur zone. « Grâce à la Bulgarie, nous allons pouvoir répondre à la demande internationale de foie gras sans garantie d’origine France. Quant au Canada, il y a la volonté de produire sur place mais c’est aussi pour éviter les conflits politiques et d’exportation» explique Patrick Néaume.
Le directeur général d’Euralis Gastronomie garde à l’esprit les rétorsions subies par les produits français aux Etats-Unis, qui ont réglé le différend sur l’Irak à coup de sanctions économiques. La France, qui absorbe 85% des volumes de foie gras à l’échelle mondiale, doit nourrir l’appétit d’autres zones de consommation comme l’Espagne (hausse des ventes supérieures à 20%/an), le Mexique (doublement du marché en moins de trois ans) ou les Etats-Unis. Dans cet environnement mouvant, Euralis Gastronomie (321 M Eur de CA) réalise aujourd’hui 20% de ses ventes à l’export, un chiffre destiné à augmenter dans les années à venir. Pour y parvenir, la filiale de la coopérative Euralis va prochainement mettre en place une plate-forme logistique ainsi qu’un bureau commercial au Mexique. Un dispositif complété par l’ouverture d’un bureau commercial en Espagne. « Cependant il n’est pas question de délaisser la France» a rappelé Patrick Néaume. Avec la prise de participation majoritaire dans Papillote (plats cuisinés haut de gamme, 10 M Eur de CA), la diversification est en marche.
Créée en 2002, la société produit environ 1000 tonnes de plats sous vide en frais et en surgelé, bien en dessous de sa capacité évaluée à 2500 tonnes. Euralis Gastronomie, par le biais de ses réseaux et forces de vente (notamment en RHF), espère progressivement augmenter les débouchés pour atteindre 2000 tonnes d’ici 3 à 5 ans. Le programme est donc chargé, avec en parallèle la recherche de nouveaux éleveurs et gaveurs en France, pour compenser une pyramide des âges défavorable et le départ prochain de nombreux agriculteurs. La société a également rappelé le montant non négligeable de ses investissements industriels dans l’hexagone, à hauteur de 7 M Eur/an hors acquisitions d’entreprises.
Répartis sur la façade atlantique, les différents sites d’Euralis Gastronomie traitent du foie gras IGP Sud-Ouest et du foie français, pour en faire le 1er intervenant devant Delpeyrat et Labeyrie. « À l’avenir nous allons devoir éclaircir la visibilité sur les produits et les appellations, notre position de leader l’exige», estime Michel Depierre, président d’Euralis Gastronomie Holding. Ce travail s’avère nécessaire pour alimenter les marchés internationaux, friands de produits gastronomiques français. Cela tombe bien, l’abattoir des Herbiers (Vendée) vient d’être agrandi, tandis qu’un second a obtenu son agrément pour l’exportation vers les Etats-Unis et le Canada.