Euralis fait un tabac avec sa pétition « ras-le-bol»
LM : Quelle est la genèse de cette pétition Pour lire le texte de la pétition. http://www.euralis.fr/euralis/petition.pdf. ?
Christian Pées : Ce projet de pétition est né d’une volonté de réaction de notre part, coopérative, face à l’accumulation de contraintes qui nous sont faîtes et qui menacent aujourd’hui l’acte même de production. L’interdiction du Gaucho a été la goutte qui a fait déborder le vase, mais nous nous élevons aussi contre la remise en cause des traitements par hélicoptère, les menaces qui pèsent sur le gavage, en termes de bien-être et sur l’intégration des gaveurs, sur notre système de collecte de céréales basé sur des points de collectes gérés par des agriculteurs mandatés, le problème des zones vulnérables… Nous ne remettons pas en cause la justesse de certaines décisions lorsqu’elles s’imposent, mais parfois, elles sont prises alors qu’il n’y a pas de problèmes. Toutes ces contraintes obèrent notre productivité, et si nous réagissons ainsi, c’est bien parce que nous sommes une coopérative, si nous étions une entreprise, nous délocaliserions les productions probablement sans état d’âmes.
LM : Cette pétition a rencontré un succès incontestable…
Christian Pées : Oui, nous avons été surpris par le nombre de réponses, 4500, et il continue à en arriver. Ces signatures émanent pour deux tiers d’agriculteurs, et pour le reste de non-agriculteurs. C’est un signal important, tout comme la mobilisation que nous avons réussi à créer pour rencontrer Madame Gisèle Rossat-Mignot mardi soir au ministère de l’Agriculture, à qui nous sommes allés remettre symboliquement toutes ces signatures. Nous sommes montés à Paris en compagnie d’élus politiques, de responsables syndicaux, qui ont su largement dépasser pour cette occasion les clivages habituels, c’est assez peu ordinaire.
LM : Quelles sont les réponses qui ont été apportées à vos préoccupations mardi soir au ministère ?
Christian Pées : Madame Rossat-Mignot a été assez rassurante sur quelques points comme l’intégration et les mandataires en nous affirmant que ce n’était pas un sujet à l’ordre du jour du ministère, même si l’administration dit parfois le contraire. Elle nous a aussi confirmé que le ministère était en première ligne pour défendre le particularisme du gavage. Maintenant, je souhaite que d’autres s’emparent de ce texte pour le faire vivre, les syndicats, d’autres organisations économiques, coopératives par exemple qui pourraient ainsi y faire valoir leurs propres particularités. En tant que coopérative, nous sommes en marge de notre mission habituelle, l’organisation économique, mais nous voulions signifier que les agriculteurs entendent continuer à se battre.