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Ethanol : la flambée du prix des céréales inquiète

Plusieurs facteurs d'ajustement de la rentabilité existent. Mais, la protection des frontières reste vitale.

« La flambée des cours du blé et du maïs va-t-elle remettre en cause la rentabilité de la filière éthanol ? », s’est interrogée Agritel, lors d’une conférence de presse hier à Paris. Dans son approche, la société de conseil en gestion des risques a notamment soulevé la question du taux d’incorporation des biocarburants. « Oui à l’E85, mais en passant par l’E10», a lancé Alain Commissaire, DG du groupe agroindustriel Cristal Union. L’utilisation d’une essence contenant 85 % d’éthanol est envisageable à partir de 2015, selon lui. En plus des difficultés liées au changement de moteur des voitures, à l’adaptation du réseau de distribution, se pose le problème des disponibilités en surfaces agricoles. « L’E5 ou l’E10 constituent des solutions intermédiaires », a-t-il insisté.

Couverture sur les marchés à terme

Sa principale inquiétude réside dans l’éventuelle levée des barrières douanières. Les coûts de production sont deux fois plus faibles dans des pays comme les Etats-Unis ou le Brésil, entre 0,23 et 0,24 euro par litre. « En France, les prix de revient se situent entre 0,5 et 0,6 euro par litre,a précisé Alain Commissaire . Le souci n’est pas sur le poste matières premières ou sur le process, mais au niveau de la réglementation. On doit faire face à des exigences drastiques en termes de sécurité industrielle ou du personnel. » La filière française est encore jeune. Elle n’a pas la même maturité qu’au Brésil, où les investissements remontent au premier choc pétrolier des années 70. « Il faut une protection aux frontières, a-t-il souligné. L’arrivée massive de produits importés mettrait notre développement à plat. »

Si l’industriel ne s’inquiète pas outre mesure de la flambée des céréales, c’est parce qu’il se couvre sur les marchés à termes. Le prix d’achat est ainsi fixé à l’avance. A propos des marchés physiques, Agritel considère que les cours du blé ou du maïs tendent à se corréler avec ceux du pétrole. Le phénomène est notamment lié à la spéculation des fonds de pension.

La société de conseil met en évidence d’autres facteurs d’ajustements de la rentabilité des biocarburants. La défiscalisation de 33 centimes par hectolitre offre une marge de manœuvre. Tout le problème est que chaque pays de l’UE suit sa propre politique. Cela provoque des distorsions de marché. « Une révision de la réglementation européenne sur les biocarburants aboutira avant la fin de l’année, a signalé Hélène Morin, consultante chez Agritel. D’après les conclusions de la première consultation publique, des objectifs obligatoires d’incorporation pourraient se mettre en place. Il devrait y avoir une harmonisation des mesures fiscales de soutien. »

Par ailleurs, un marché de valorisation de la tonne de CO2 est en place. Cristal Union, qui détient trois unités dédiées de biocarburants, a dû obtenir des autorisations de rejet pour la construction de ses usines. Dans le cas de l’éthanol, la baisse d’émission de dioxyde de carbone peut rapporter 15 euros la tonne. Cela offre une recette supplémentaire pour la valorisation du biocarburant.

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