Ethanol : la betterave commence à y croire
« Le combat de 2005 concernera sûrement l’incorporation obligatoire d’éthanol dans les carburants ». Pour Dominique Ducroquet, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), la mire est déjà trouvée pour l’année à venir. Alors que la filière éthanol en est à ses balbutiements, plusieurs signaux sont parvenus de la part des pouvoirs publics, avec l’annonce par Jean-Pierre Raffarin, le 7 septembre, d’un ambitieux plan de développement des biocarburants d’ici 2007. Si l’objectif n’est pas de rattraper les Brésiliens ou les Américains (produisant respectivement 140 et 117 M hl d’éthanol par an, contre 4 pour la France), il est de développer autant que possible les unités de production, ainsi que la production elle-même.
M. Raffarin a ainsi parlé d’un triplement de la production d’ici 2007, de la création de 4 usines de nouvelle génération (produisant chacune 200 000 tonnes d’éthanol par an), et d’un triplement de la surface agricole dédiée aux biocarburants. Ces propos, confirmés par Jacques Chirac en octobre, vont dans le sens des planteurs de betteraves, dont le président a rappelé que les biocarburants « représentent le seul moyen de combler le manque de liquide» disponible en France. En supplément de la défiscalisation, deux amendements ont déjà été adoptés dans la loi de Finances 2005, le premier d’entre eux fixant aux producteurs une garantie de débouchés en incitant les distributeurs d’essence à incorporer l’éthanol de manière progressive (de 1,2 % en 2005 à 5,75 % en 2010).
À ce jour, les pétroliers opposent de sérieux blocages à cette mesure, semblant préférer le paiement de pénalités à l’incorporation d’éthanol. « Ces blocages, de la part de Total notamment, retardent d’autant la plantation de blé et de betteraves destinés à la production de biocarburants » poursuit M. Ducroquet, qui se félicite toutefois que les grandes surfaces, qui distribuent environ 60 % du carburant en France, « souhaitent aller vers l’incorporation d’éthanol ».
Lors de l’AG annuelle de la CGB qui se tient aujourd’hui, les planteurs de betteraves aborderont ces problématiques avec le nouveau ministre de l’Agriculture, qui pourrait être amené à répondre au nom du gouvernement. Car les betteraviers ont déjà dans leurs cartons, et depuis longtemps, leur programme de développement de la filière pour arriver à l’objectif de 5,75 % d’incorporation de biocarburants dans l’essence. Ne manquent plus que les infrastructures sur le terrain.