Et si la raison revenait ?
En optant pour une réponse graduée au risque de grippe aviaire, le gouvernement a fait un choix raisonnable, dans la foulée de l’avis émis par l’Afssa rendu public mercredi (LM de mercredi). La filière avicole, qui se relève à peine des dégâts de la crise de l’hiver, n’aurait pas compris d’être replongée, en cas de malheur, dans les affres de mesures radicales et médiatisées. Le ministère de l’Agriculture a d’ailleurs opportunément opté pour la discrétion dans l’annonce de ces mesures, attitude qui contraste, soit dit en passant, avec la désastreuse communication qui a prévalu dans l’affaire des « victimes » des huîtres d’Arcachon. Une majorité d’agriculteurs, dont certains ont manifesté en septembre à Pau pour protester contre le statut de bouc émissaires qu’on leur fait endosser, a aussi été réconfortée par le discours du président de la République, jeudi à Cournon, au Sommet de l’élevage. Jacques Chirac leur a adressé un message de confiance et de reconnaissance de la Nation dont ils avaient manifestement besoin. On ne se souvient d’ailleurs guère dans les dernières années d’un communiqué de la FNSEA aussi flatteur pour un responsable politique que celui que la rue de la Baume a publié vendredi. Engagement sur la pérennité de la Pac, fermeté sur la position de l’Europe dans les négociations de l’OMC, enthousiasme sur l’avenir des débouchés non-alimentaires de l’agriculture, Jacques Chirac a tenu un discours que les agriculteurs avaient envie d’entendre et qui correspond à l’image d’une agriculture compétitive et « écologiquement responsable ». Sans oublier cet hommage appuyé à une coopérative locale très engagée dans les biotechnologies. Ses sociétaires ont dû en soupirer d’aise…