Equitable
Quelques stars du show-bizz ont inauguré cette semaine à Paris la quinzaine du commerce équitable (lire page 2). L’idée consiste à favoriser les filières respectueuses des conditions sociales et économiques des producteurs dans les pays en développement et de leur offrir la juste rétribution de leur travail. La démarche concerne surtout des filières alimentaires exotiques (banane, café, cacao, sucre, etc.). A grand renfort de communication, ce commerce « équitable » a acquis en peu d’années une large notoriété. Les produits qui en sont issus commencent à rencontrer leur public, essentiellement dans les catégories aisées, les plus modestes se tournant comme on le sait vers le hard discount. Tout cela est bien beau, mais ne manque pas de susciter quelques interrogations. Alors que les travaux de l’OMC viennent de reprendre dans le cadre du cycle de Doha, on est en droit de se demander si ce ne sont pas les producteurs français et européens qui vont devoir demain réclamer à leur tour le label « équitable ». Les conditions sociales, environnementales ou éthiques de la production agricole (comme le bien-être animal) ne sont pas ou peu prises en compte dans ces négociations. Face à des pays dont c’est le cadet des soucis, les Européens ont toutes les raisons de craindre le pire. Il est intéressant de constater que, dans le même temps, les producteurs d’appellations d’origine contrôlée envisagent de renforcer leurs propres conditions de production et d’insister sur leur enracinement dans l’environnement. Dès lors, de toute l’énergie et la communication que l’on déploie pour soutenir le commerce équitable, ne pourrait-on pas en consacrer un peu pour défendre les productions françaises et européennes qui le méritent ?