Entremont veut être plus compétitif dans l’emmental
« Un outil de taille européenne », avec une capacité nominale de 40 000 tonnes d’emmental par an, qui devient le fer de lance d’une stratégie offensive pour qu’Entremont retrouve la rentabilité et consolide ses positions de leader en Europe des fromages à pâte pressée cuite. Pour le groupe savoyard, fort d’un chiffre d’affaires 2003 de 1,17 milliard d’euros dont 60 % réalisé en France, 149 000 tonnes de fromages (113 000 d’emmental) et 3400 salariés, 2003 a mis à jour des pertes nettes. Elles sont « liées à un élément exceptionnel, l’effondrement de la valorisation beurre poudre », a souligné le président du directoire du groupe Entremont, Nicolas Le Châtelier. La situation ne s’est pas aggravée en 2004, mais Entremont a dû restructurer en supprimant 160 de ses 3400 emplois et en fermant un de ses sites d’affinage dans l’Est à Trébillet (Ain).
La mise en route du tout nouvel outil breton, construit pour 37,5 millions d’euros sur trois ans -20 millions ont été réalisés-, doit désormais permettre à Entremont de réduire ses coûts de production, sur un marché en surproduction chronique. Bien plus productif qu’auparavant -32 000 tonnes en 2005 contre 16 500 tonnes, avec 25 salariés dans l’atelier de fabrication contre 33 avant-, l’usine aura les mêmes effectifs globaux : 221 personnes entre la réception du lait, l’affinage, le conditionnement. Pour autant, ces volumes ne viennent en surplus sur le marché. Ils viennent d’ateliers fermés dans les Côtes d’Armor et en Allemagne.
Le marketing reformaté
L’ampleur de l’investissement illustre l’effort industriel consenti par Entremont pour « accroître sa compétitivité dans un marché en pleine mutation et répondre positivement aux effets de la réforme de la Politique agricole commune décidée en juin 2003 ». Son quasi unique actionnaire, la Compagnie nationale à portefeuille (groupe Albert Frère) a financé, depuis son entrée dans le capital du groupe, en 1999, 160 millions d’euros d’investissements. Avec son puissant partenaire, Entremont a pu acquérir la société Eurosérum en 2001 pour consolider les marchés mondiaux pour son abondant lactosérum (230 000 tonnes en poudres, 11,5 % du CA consolidé du groupe).
Il a initié en 2004 une politique d’alliance pour écraser les charges fixes en beurre, autre co-produit de la fabrication du fromage, en formant Beuralia avec Unicopa et Sodiaal.
Entremont a revu sa stratégie en matière de flux logistiques. Montauban-de-Bretagne fabriquera de l’emmental en sachets et en portions (60-40) pour des marques de distributeur à l’ouest d’une ligne Lille-Marseille. A l’est de cette ligne, les fromages transiteront par Annecy pour affinage avant leur expédition.
Dernier point, la politique marketing reformatée. Les premiers prix progressant au détriment des marques (30 % et 20 % du marché contre 50 % pour les marques de distributeurs), « nous avons décidé d’orienter nos investissements de communication sur Entremont et de repositionner Meule d’Or sur du promotionnel», a expliqué Nicolas Le Châtelier.
L’investisseur belgo-luxembourgeois a « la ferme volonté de développer cette société et d’en faire un leader international» dans l’emmental. A la condition, ont souligné Gilles Samyn et Nicolas le Châtelier que les producteurs fassent un effort sur le prix.
Les deux hommes ont plusieurs fois répété que l’accord interprofessionnel signé en septembre n’est pas tenable car il ne tient pas compte de la baisse des prix sur le marché des fromages. « S’il n’y pas de nouvelles négociations, a martelé Nicolas le Châtelier, l’entreprise fera son propre prix du lit ».
Entremont collecte en Bretagne 1 milliard de litres de lait auprès de 3 850 producteurs -300 millions dans l’Est et 280 en Allemagne.