Energie : le retour aux sources
Les agriculteurs assuraient jadis l’indépendance énergétique de l’exploitation en produisant la nourriture de leurs animaux de trait. Avec la motorisation, l’avoine pour l’attelage de percherons a cédé la place au gasoil pour le cheval-vapeur. Mais aujourd’hui la durable et sans doute permanente flambée des prix du pétrole réveille l’intérêt des agriculteurs pour une certaine autarcie énergétique. À l’occasion du vote de la Loi d’orientation agricole, les députés se sont prononcés en faveur de l’utilisation directe de l’huile brute extraite des oléagineux produits sur l’exploitation. Cette nouvelle disposition viendrait en quelque sorte consolider une autorisation jusqu’alors dérogatoire et qui permettait à l’agriculteur de se procurer du carburant moins cher qu’à la pompe. L’affaire est intéressante, en raison de l’écart de prix entre le fioul, même au tarif agricole, et l’huile brute « maison ». En outre, les tourteaux ainsi obtenus peuvent être utilisés pour l’alimentation des animaux sur l’exploitation, enfin les retombées écologiques seraient appréciables. L’Ademe émet néanmoins quelques conseils de précaution avant de se lancer dans l’aventure de l’huile maison. En premier lieu, la fiabilité des moteurs des tracteurs modernes à injection directe serait compromise par l’usage de l’huile brute ; quant aux tourteaux gras, ils ne seraient bien adaptés qu’à la ration des porcs, et seraient exposés à des risques d’oxydation en cas de stockage prolongé.