En Europe deux modes alimentaires s’affrontent
Lors de la présentation du Sirha 2005, Salon international de la restauration et de l’hôtellerie, l’occasion était belle de dresser la nouvelle carte de l’Europe de la restauration, recentrée vers l’Est avec les dix nouveaux arrivants parmi lesquels la Pologne, la Hongrie, ou encore la Lituanie.
Mardi dernier, Bernard Boutboul, directeur du Gira, cabinet de conseil en stratégie alimentaire, s’y est attelé. Actuellement, le Gira observe la progression de deux grands régimes alimentaires. « Tout d’abord, il y a la vague méditerranéenne, le régime crétois », observe M. Boutboul. Basé sur la consommation accrue de fruits et de légumes au détriment de la viande, ce régime progresse lentement du Sud au Nord de l’Europe, depuis son foyer originel (Espagne, Grèce, Italie). Mais à l’Est, la menace anglo-saxonne se précise. Les pays de l’Est dont la politique et l’économie sont calquées sur ce qui se fait aux Etats-Unis, suivent cette tendance jusque dans leurs habitudes alimentaires. On observe ainsi, d’Est en Ouest, l’avancée d’un front composée de restaurants typiquement américains. Dans ces pays, les seuls présents sont McDonald’s, Kentucky Fried Chicken, Pizza Hut ou Taco Bell, purs produits de l’Oncle Sam. Devant cette progression qui pourrait déboucher sur un choc frontal, Bernard Boutboul s’interroge : « qui va remporter ce match ? » Son cabinet d’études apporte sans doute un élément de réponse à cette interrogation. Dans les grandes tendances observées se trouve la recherche de sécurité, suite aux différentes crises alimentaires. Mais surtout, le Gira constate l’augmentation de la déstructuration des repas, un aspect particulièrement présent aux Etats-Unis.
15,8 prises alimentaires par jour
En 2004, la consommation moyenne en France s’élève à 3 repas par jour et 4,8 prises alimentaires. Aux Etats-Unis, le nombre de repas quotidiens est identique, mais les prises alimentaires atteignent le nombre de 15,8 correspondant à un grignotage intense. Cependant, tout n’est pas perdu. Cette américanisation des comportements dans les pays de l’Est connaît aussi des exceptions. En Lituanie, la chaîne Cili est un modèle intéressant, puisqu’avec 21 établissements seulement, elle offre quatre concepts de restauration différents : PICA (restauration italienne), Kaimas (traditionnelle), Kinija (asiatique) et Bistro (cafétéria classique). « Il est remarquable de développer une telle stratégie. Les pays de l’Est ne sont pas si en retard que ça», conclut Bernard Boutboul.