Emmental : l’industrie déplore la baisse des prix en 2004
Les fabricants de fromages à pâte pressée sont inquiets. Leur syndicat, créé l’année dernière, tire un bilan contrasté de 2004. Certes, a relevé le président du SFPP Nicolas Le Chatelier, la production d’emmental -le fromage le plus fabriqué dans cette catégorie devant le Comté et la raclette- est repartie à la hausse l’année dernière (+4% à 250 000 t), après un effondrement lié à la canicule de 2003. Mais les prix, eux, ont subi une nouvelle et très nette érosion en 2004 (-4,5%). La baisse subite de la consommation, conjuguée aux surcapacités de production, ont entraîné une spirale d’offres à la baisse de la part des fabricants en direction de leurs clients. Une érosion qui a profité à la distribution, les prix de vente au détail n’ayant pas progressé. « Notre profession a donc été capable de transférer près de 60 à 70 millions d’euros de marge à la distribution, sans contrepartie », a regretté Nicolas Le Chatelier.
Le président du syndicat a expliqué en partie cette dégradation par la façon dont la France s’est adaptée à la réforme de la Polique agricole commune (Pac). Nicolas Le Chatelier a notamment ironisé sur le « modèle français » qui refuse les unions entre entreprises et adopte des règles « brillantes et sophistiquées » d’évolution du prix du lait s’appliquant « uniformément » à toutes les entreprises. « Elles sont donc par nature discriminatoires entre elles selon leur mix-produit », a-t-il déploré, avant d’appeler les entreprises « à veiller à ce que leurs produits ne deviennent pas de simple produits d’arbitrage au beurre poudre » et « à rechercher entre elles des voies de collaboration plus étroites ».
Les anti-mottants et ceux qui sont pour
S’il est doté de moyens de communication plus modestes que n’en disposait autrefois le syndicat interprofessionnel du gruyère français (SIGF) dont il est en partie issu, le SFPP entend se battre pour l’image de ses produits, ternie ces dernières années par des produits importés utilisant des dénominations ne répondant pas aux mêmes critères que les fabricants français s’imposent. Les industriels s’interrogent notamment sur l’ajout dans l’emmental râpé d’agents anti-mottants comme la fécules.
La réglementation française fait perdre l’appellation emmental, voire fromage, aux produits en contenant, même très modestement, a expliqué le président en guise d’exemple. Or « la réglementation allemande vient d’autoriser officiellement l’usage d’amidon ou de fécule, rendant de facto fragile la position de l’administration française […]. Que ferons-nous demain en France ? C’est une question complexe en raison de ses conséquences sur l’image, sur la facilitation octroyée à râper des fromages à extrait sec plus faible et enfin sur les quantités de beurre/poudre supplémentaires qui seraient mises sur le marché. Nous aurons à en débattre lors de nos prochains conseils d’administration », a annoncé Nicolas Le Chatelier à ses adhérents.