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Emmental : les prix n’ont pas fondu en GMS

Tandis que les prix de l'emmental à la sortie des usines des industriels ont régulièrement baissé de 2005 à la fin 2007, les prix au consommateur sont restés stables pendant toute cette période. Une évolution comparée qui contredit la thèse selon laquelle la hausse des prix alimentaires relève exclusivement de la responsabilité des industriels, pris pour cibles aujourd'hui.

C’est la goutte de lait qui a fait déborder le vase. La semaine dernière, Leclerc s’offre de pleines pages dans la presse quotidienne pour y interpeller les consommateurs sur les hausses de prix que les industriels tentent d’obtenir pour 2008. Le slogan : « Inflation : on ne peut pas laisser les grandes marques vous présenter la note sans rien faire. » Et le distributeur de présenter une liste de hausses de tarifs proposées par des fournisseurs, essentiellement de l’industrie alimentaire, dénoncés sur le thème : « ils profitent d’une législation qui empêche les distributeurs de les mettre en compétition et de négocier leurs tarifs ». Pour les producteurs d’emmental, cibles parmi d’autres de la vindicte de Leclerc, la pilule est un peu dure à avaler.

Car si les hausses de tarifs sont bien réelles en ce début d’année, la baisse continue du prix de l'emmental « départ industriels » de 2005 jusqu’à la fin 2007,n'avait donné lieu à aucune baisse correspondante du prix dans les rayons, comme en témoigne le document que nous publions aujourd'hui. Les prix de vente triple net de l'emmental, constatés par le syndicat interprofessionnel du gruyère français (SIGF) auprès de l’équivalent de 95% de la production française, n’ont en effet cessé de décroître depuis trois ans, selon une base 100 en 2003 (notre graphique en Une). En revanche, la courbe des prix payés par les consommateurs affiche, selon TNS-Secodip , une remarquable constance. Ils n'ont pratiquement pas évolué depuis quatre ans.

Les mêmes statistiques, exprimées en valeur absolue, confirment ce constat. Si le prix de l’emmental à la tonne a baissé pour l’industriel d’environ 4500 à 4000 euros la tonne entre 2005 et 2007, il reste invariablement aux environs de 6,50 euros pour le consommateur. Où est passée la marge ?, s'interrogent les industriels du secteur.

« Nous avons vraiment le sentiment d'être des boucs émissaires dans cette affaire, regrette le directeur du SIGF, Michel Roche, car la hausse du prix des matières première est, dans notre cas, incontestable (le lait a augmenté de 37% au premier trimestre 2008, Ndlr). Et il est également incontestable que la part du lait est considérable dans la formation du prix de l'emmental. » Selon le syndicat, il faut en effet rien moins que 12 litres de lait pour produire un kilo d'emmental.

Le lait et l’émir

Ce n'est pas la première fois que l'industrie laitière, particulièrement malmenée par la distribution, s'émeut de cette situation. L'interprofession (CNIEL) avait répondu à la distribution et au gouvernement dans la presse il y a quelques mois pour assurer qu'elle n'entendait pas être le « dindon de la farce ». Quelques-uns des plus fragiles parmi les 35 industriels de l'emmental, en première ligne sur ce dossier, craignent tout simplement pour leur survie en 2008.

La réaction des producteurs d'emmental est caractéristique du ras le bol de bon nombre de PME de l'agro-alimentaire sur la question de la hausse des prix, alors même que la part de l'alimentaire régresse chaque année dans le portefeuille des Français et que les dépenses augmentent partout ailleurs. Le président de l’Ania, Jean-René Buisson a vivement protesté contre les attaques de Leclerc. « Les mêmes distributeurs ne nous ont pas montré leur savoir faire pour baisser le prix de l'essence, dont la hausse est aussi incontestable,estime Michel Roche. On ne les entend guère s'en prendre aux producteurs de pétrole. Et pourquoi ? Un producteur de lait serait-il moins respectable qu'un émir ? », persifle-t-il.

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