El Niño souffle le chaud et le froid
El Niño et son excès d'eau dans les plaines américaines n'auront pas soutenu longtemps le marché du blé. Chicago a repris son mouvement de baisse. La publication du rapport hebdomadaire de l'USDA sur l'état des cultures a rassuré les acteurs et tué dans l'œuf le « weather market ». La récolte de blé peine à démarrer et les risques sur la qualité du blé hard d'hiver sont toujours présents, mais cela ne suffit plus. Sans soutien lié au risque climatique, le prix du blé américain n'a plus aucune raison de rester si cher. La nouvelle chute de l'euro face au dollar cette semaine accentue le manque de compétitivité des États-Unis sur la scène internationale. Le cours du blé sur le marché de Chicago s'effondre et efface une grande partie de ses gains enregistrés les deux semaines passées. Le marché européen, quoique nettement moins cher que le blé US, ne peut s'empêcher de suivre le mouvement du marché américain. Les cours du blé sur Euronext ont perdu 6 €/t la semaine dernière, et même s'ils se stabilisent sur ce début de semaine, l'ambiance reste lourde. Si les États-Unis sont hors-jeu pour le moment à destination des principaux acheteurs du bassin méditerranéen, les opérateurs ont les yeux rivés sur les prix de la mer Noire.
Récolte mondiale revue à la hausseSelon le Conseil international des céréales, l'appel d'offres conclu le 22 mai par l'Algérie s'est élevé à 560 000 t de blé d'origine européenne. Il semble vraisemblable que l'origine française ait été retenue. L'Égypte est, elle aussi, venue aux achats, et sans surprise, la Russie et la Rou-manie, à 10 $/t de moins que l'origine française, s'arrogent la totalité de cet appel d'offres (240 000 t). Côté russe, les offres sont nombreuses, signe d'une agressivité sur le marché. Côte production, la plupart des clignotants sont au vert, la récolte mondiale de céréales est revue en hausse de 20 Mt. Elle est certes inférieure à celle de l'an dernier, mais compte tenu des stocks de report, les disponibilités mondiales seraient peu ou prou équivalentes à celles de l'an passé.
Le prix de l'orge glisse dans le sillage du blé tendre, et un peu plus encore. Les intérêts acheteurs se sont fortement réduits et l'écart de prix entre blé et orge se situe maintenant à 10 €/t en rendu portuaire. En maïs, le marché américain peine à rebondir. Selon le rapport hebdomadaire sur les cultures américaines, les semis de printemps ont bien progressé (92 %) et l'état des plantes est « bon à excellent » pour 74 % des surfaces. Le cours du maïs à Chicago est au plus bas depuis 7 mois. Le marché français s'inscrit dans l'ambiance générale.