Eau : un pisciculteur breton anticipe
Un pisciculteur de Bretagne investit actuellement dans un tout nouveau système de traitement de l’eau d’élevage de son exploitation pour anticiper un durcissement de la réglementation sur les rejets d’eau en milieu naturel qui pourrait avoir pour conséquence de baisser la production. Il s’agit d’un chantier en deux étapes. Dans son alevinage situé à Braspart (Finistère), Régis Thomas, propriétaire par ailleurs de deux élevages piscicoles (société la Douffine, 600 tonnes de truites vendues vivantes, 1,3 M d’euros dont 0,2 pour l’alevinage) achève actuellement les travaux pour disposer, via un forage, d’une alimentation en eau indépendante de la rivière voisine. « Le but n’est pas de faire une plus grande qualité, mais de donner une qualité optimale à l’eau pour favoriser la meilleure croissance des truitelles », explique-t-il. Il produit chaque année près de 3 millions d’alevins qu’il exporte à 70 %, en particulier vers l’Allemagne pour repeupler des rivières en vue de la pratique de la pêche sportive.
Coût de l’opération : 100 000 euros en autofinancement. Le second dossier est plus ambitieux. Bientôt à l’instruction des installations classées, il prévoit de faire passer les eaux chargées en rejets des poissons sur un tapis de bactéries. Ces bactéries vont consommer les matières en suspension et l’eau sera réutilisable pour le grossissement des poissons. Ainsi, même par faible débit d’eau dans les rivières l’été, la production piscicole de Régis Thomas ne sera pas affectée.
Une baisse des coûts est probable
Ce process d’une valeur de 150 000 euros devrait être installé en 2007, après le feu vert de l’administration. Régis Thomas indique l’avoir vu à l’œuvre au pays des piscicultures, le Danemark. « Si nous ne faisons rien dès maintenant, précise-t-il, les dispositions de la future loi sur l’eau pourraient nous obliger à baisser la production pour limiter les rejets».
Selon lui, la France a déjà perdu près de 20 000 tonnes de production en dix ans, passant de 55 000 à 35 000 tonnes. Durant cette période, la production bretonne a chuté de 15 000 à 5 000 tonnes par an. Or les ateliers de transformation manquent de volumes. Régis Thomas estime que la baisse des coûts engendrée par ce process pourrait, à terme, redonner des capacités d’exportation à la France.