Du scepticisme à la défiance
La conférence interministérielle de l’OMC s’ouvre ce mardi et avec elle, un marchandage dont l’agriculture européenne craint de faire les frais, une fois de plus. S’il reste encore quelques personnalités politiques françaises pour souhaiter qu’un accord soit conclu à Hong Kong, on n’en trouve plus guère au sein des organisations agricoles. Leur ultime mot d’ordre semble être devenu : « gagner du temps à tout prix». C’est ce qu’a expliqué cette semaine Philippe Mangin, le président de Coop de France, persuadé « que les analyses françaises de défense des politiques agricoles font leur chemin dans les esprits» et qu’il est donc urgent d’attendre avant de libéraliser une nouvelle fois les échanges. Les instigateurs du Mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture (MOMA), qui présentaient leur initiative jeudi dernier, n’ont pas dit autre chose. Ce nouveau mouvement, lancé à l’initiative de quelques grandes coopératives en marge des organisations agricoles majoritaires, entend proposer dans les mois qui viennent un nouveau « modèle économique » pour le secteur agricole mondial. Une agence, composée d’experts économiques, aura pour objectif de mettre en place un modèle qui prenne en compte « les spécificités de l’activité agricole » et « les interactions avec les autres secteurs économiques », ce que ne font pas selon eux les modèles de référence comme celui de la Banque mondiale. De là à plaider pour « l’exception agriculturelle » et la sortie de l’activité agricole de l’OMC, il n’y a qu’un pas que Luc Guyau, président de l’APCA et ex-président de l’Apca a franchi d’un bond. La libéralisation agricole semble compter de moins en moins d’adeptes chez ses anciens partisans.