Dinde : il faut relancer la production
La filière dinde française doit se préparer dès maintenant à relancer les investissements en production pour faire face à une demande en hausse, clame le Comité interprofessionnel de la dinde française (Cidef). Selon son délégué général, Gilles Le Pottier, qui s’exprimait la semaine dernière au Space, la filière française -en restructuration quasi permanente depuis 2001- a senti le vent tourner durant l'automne dernier. Grippe aviaire, puis hausse du coût alimentaire ont détourné les importateurs européens, principalement allemands vers la production européenne. Depuis un an « la demande est supérieure de façon constante à l'offre », analyse Le Pottier.
Pologne et Hongrie prennent de l'avance
Si les abattages ont chuté de 11,7 % au premier semestre 2007 par rapport à 2006, c'est en raison de la présence sur le marché d'un stock constitué pendant la crise. Or il s'épuise. La dinde française met chaque semaine en production 1,3 à 1,4 million de dindonneaux contre 2,2 millions en 2001. Longtemps numéro 1 européen de la production européenne de dinde, la France a pendant la crise retardée ses investissements.
Pendant ce temps, la Pologne et la Hongrie ont construit des ateliers neufs et plus performants que les outils français. Aussi le Cidef demande-t-il des aides appropriées pour moderniser l'outil de production hexagonal. « Il faut des incitations, reprend Gilles Le Pottier. Les entreprises ont déjà revalorisé les contrats au printemps, on peut imaginer des aides des collectivités locales. »
Ce soutien apparaît d'autant plus stratégique que la hausse du prix des matières premières (lire nos éditions précédentes), si elle a d'abord réduit l'écart de prix entre les dindes brésiliennes et européennes, risque de pénaliser durablement la production européenne.
La dinde française représente une production annuelle de 510 000 tonnes. C'est la seconde espèce la plus répandue en volaille-chair, derrière le poulet (800 000 tonnes). La filière dinde vend hors de France le quart de sa production contre 50 % il y a cinq ans.