« Des ruses légales et à nos yeux non légitimes. »
Ingrid Kragl, directrice de l'information de Foodwatch.
Les Marchés Hebdo : Comment Foodwatch, organisation militant pour la transparence des produits alimentaires, choisit-elle ses cibles ?
Ingrid Kragl : Pour notre première cam-pagne, nous avons identifié cinq pro-duits connus et observé que les consommateurs étaient induits en er-reur par des ruses légales – et à nos yeux non légitimes – dans la présentation ou la dénomination des produits.
LMH : Les compositions qui ne tiennent pas leurs promesses peuvent être le fait des distributeurs. Du reste, elles sont lisibles sur les emballages...
I. K. : Nous avons ciblé et lancé une pétition contre E.Leclerc, cas typique de distributeur se voulant le moins cher. Il n'a pas d'excuses pour vendre 16 % d'eau dans les blancs de dinde « 100 % filet » dits de « qualité supérieure ». Et nous ne voulons pas que les consommateurs se transforment en détectives.
LMH : Ne risquez-vous pas de discréditer tout un secteur, dont vous dénoncez le « lobby puissant » ?
I. K. : Puissant, il l'est assurément ; deux codes de bonnes pratiques – celui des produits à base de dinde et celui des soupes – en sont les preuves criantes. Nous visons les industriels qui désinforment, pas les petits industriels qui cravachent pour offrir des produits de qualité, et qui peinent à se défendre.