Des mesures d’urgence pour 71 millions d’euros
Très attendu au congrès de la Fédération des producteurs de légumes à Nantes, après un an de crise dans le secteur maraîcher, Hervé Gaymard a annoncé une série de mesures d’urgence, à hauteur de 71 M€. 10 millions d’euros seront consacrés à des aides directes de trésorerie à répartir selon la situation des producteurs. Une enveloppe exceptionnelle de 50 M€ de prêts de consolidation à taux bonifiés (2,5%) permettra d’étaler, à coût réduit, les échéances bancaires des producteurs en difficulté financière. Enfin 10 M€ seront engagés pour la modernisation des serres, pour l’encouragement à l’intégration des producteurs non organisés à la politique de la filière, et pour une communication spécifique pour la promotion des produits.
Sur les problèmes de fond, comme l’inapplication des textes mettant fin aux fameuses trois « r» (rabais, ristournes et remises, qui appauvrissent les producteurs de F&L de 150 M€ par an ), Hervé Gaymard a fait part de sa volonté « d’aller vite» et de « mettre les bouchées doubles», indépendamment des conclusions de la commission Canivet, qui doit rendre un rapport dans les prochains jours.
De vifs échanges
L’empressement du ministre peut s’expliquer par la colère des paysans et par l’irritation des consommateurs et de certains parlementaires. « Dans nos entreprises, être le chef, c’est réussir en permettant à nos collaborateurs de réussir. Pour nous, être ministre, c’est réussir en permettant à nos entreprises et à notre filière de réussir», a lancé Angélique Delahaye, présidente de la FNPLég, à Hervé Gaymard. « Vous, les parlementaires, arrêtez de voter des lois si vous ne les faites pas respecter . Si les accords Sarkozy du 17 juin, qui devaient supprimer définitivement les 3 « r», ne sont pas appliqués, qui peut nous aider à le faire ?», s’est exclamé Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, ajoutant : « j’attends toujours qu’on publie la liste des magasins sanctionnés». Jean-Paul Charié, député UMP, a dénoncé l’inapplication des textes en France, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis ou en Allemagne où un opérateur qui ne paye pas à 30 jours « fait la une des journaux».