Des éleveurs motivés malgré les contraintes
Malgré la crise et un manque de visibilité sur l’avenir, les producteurs ont envie d’y croire et souhaitent poursuivre leur activité. Si la fin des quotas est majoritairement perçue de façon négative, les producteurs ne prévoient pas pour autant une baisse de revenu corrélée.
Vache et éleveur
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C. Helsly/Cniel
Une nouvelle étude menée par le Cniel fin 2012 auprès des éleveurs laitiers a scruté leurs préoccupations et leur vision de l’avenir.
Attachés à leur métier
Face aux évolutions de l'environnement économique et politique, et aux tensions que vivait la filière au moment où l’étude a été réalisée, les producteurs de lait continuent à être très attachés à leur métier. La passion est toujours présente, mais la motivation se trouve érodée par des contraintes de plus en plus prégnantes.
Si certaines de ces contraintes comme la charge de travail importante et la pénibilité du travail, intrinsèques à l’activité sont bien intégrées, les producteurs sont plus critiques vis-à-vis de celles qui émanent de l’environnement de la profession. Ainsi, le suivi administratif et réglementaire sont perçus comme une perte de liberté ; la liberté étant un des piliers de leur motivation.
Aussi, les primes sont mal vécues par une majorité d’éleveurs. Même si celles-ci assurent un revenu, les producteurs préfèreraient « vivre de la rémunération des produits de leur ferme ».
Les producteurs de lait n’apprécient pas leur dépendance par rapport aux laiteries qui selon eux «détiennent le pouvoir de décision ». La distribution n’est pas épargnée non plus : pour 54 % des éleveurs, le prix du lait est décidé par les entreprises et pour 18 % par la grande distribution. Ils sont seulement 11 % à citer l’interprofession au sujet de la défense du prix du lait contre 36 % en 2008, preuve qu’ils ont intégré le déplacement du lieu de négociation.
Cette perte de liberté revient sur la table quand il s’agit de faire le bilan de la contractualisation pour une majorité d’éleveurs. Si la sécurisation des débouchés est associées aux contrats pour les deux-tiers des producteurs, 59 % estiment que la contractualisation n’aura pas un effet sur la sécurisation du revenu.
Un prix du lait trop faible
En effet, le prix du lait est jugé trop faible, perçu comme « n’ayant pas évolué depuis de nombreuses années » alors que les charges ont explosé et qu’il faut faire avec une forte volatilité. Les deux-tiers des producteurs préfèrent la stabilité des prix quitte à gagner un peu moins. Mais un tiers d’entre eux sont prêts à accepter une volatilité, plutôt qu’une sécurité à bas prix. Il s’agit notamment des éleveurs bretons (32%) et des moins de 40 ans (31%). Par ailleurs, ils demandent à l’interprofession d’agir pour sensibiliser les consommateurs à la problématique du prix du lait. Car ils sont convaincus, comme en 2008, que leur métier n’est pas reconnu à sa juste valeur par les Français.
Stratégie de réduction des charges
Face à l’environnement économique jugé de plus en plus complexe, les producteurs ne restent pas statiques. La majorité n’est plus dans une logique de maximisation du revenu, mais dans une stratégie d’optimisation de leur système d’exploitation. Ainsi, la quasi-totalité des producteurs (8 sur 10) ont un objectif de réduction des charges. Les postes les plus surveillés sont les produits vétérinaires et les aliments. Sur ce dernier poste, ils sont 57 % à envisager de produire davantage d’aliments pour leur troupeau et 27 % se déclarent engagés dans cette stratégie. Le deuxième axe stratégique c’est la poursuite de l’amélioration de la qualité. Sur les autres postes ils sont plus partagés :
- Un peu plus de la moitié envisage une diversification des revenus. Il s’agit plus particulièrement des régions comme la Bretagne (65%), le Nord-Picardie (62%) ou le Centre (61%) (qui offrent des possibilités de productions végétales). les plus jeunes sont plus nombreux à envisager cette possibilité (62%).
- La moitié déclare chercher à augmenter la production en agrandissant le troupeau laitier (pour 30%), notamment dans les régions Normandie, Nord-Picardie et Grand Est (39%). Les autres producteurs semblent privilégier une augmentation du niveau d’étable en exploitant au mieux le potentiel du troupeau actuel.
La moitié des producteurs sont fonceurs
En ce qui concerne l’attitude face à la conjoncture, la population est scindée. Un peu moins de la moitié des producteurs ont un profil plutôt « fonceur ». Ils veulent aller de l’avant sans attendre et comptent s’adapter au fur et à mesure aux évolutions des marchés. Ce profil domine en Charentes-Poitou (58%) , chez les moins de 40 ans (54%) et les élevages ayant un niveau d’étable supérieur à 8 000 litres (54%). Parmi les « fonceurs », 60% considèrent que leur laiterie leur laissera la possibilité d’évoluer et 30 % qu’ils ne seront pas vraiment libres de leur décision. Les autres sont plutôt « attentistes » comme dans le Sud-Ouest (70%). Ils sont en attente de l’évolution de la conjoncture et des décisions politiques, avec notamment les échéances de 2013 et 2015. Fonceurs et optimistes se rejoignent puisque 54 % des producteurs de lait se disent optimistes quant à leur avenir (63 % en 2008), convaincus par des perspectives encourageantes pour les marchés et satisfaits de leur structure d’exploitation. Les pessimistes considèrent le prix du lait trop faible par rapport aux coûts des intrants et évoquent une trop faible rentabilité.
Activité considérée économiquement importante
Quoi qu’il en soit, l’activité laitière reste considérée économiquement importante. Les plus affirmés sont les producteurs des régions Bretagne (tout à fait d’accord : 82%) et Franche-Comté (85%). A l’inverse cette proportion est plus faible dans les régions Charentes-Poitou (56%), Centre (46%) et surtout Sud-Ouest (37%). Ils sont nombreux ceux qui se réjouissent de la présence de grands groupes français de dimension internationale qui transforment et distribuent dans le monde entier, pouvant ainsi assurer des débouchés solides pour le lait français. Cette vision positive est toutefois contrebalancée par un doute sur les capacités de la filière à imposer ses produits face à la concurrence internationale.
Conscients de leur dépendance vis-à-vis de la filière, les producteurs de lait ont des attentes fortes vis-à-vis des laiteries notamment. Ils considèrent qu’elles sont les mieux placées pour assurer la pérennité des exploitations de par leur capacité à saisir les opportunités des marchés, conclut l’étude réalisée par l’agence ADquation.
Attachés à leur métier
Face aux évolutions de l'environnement économique et politique, et aux tensions que vivait la filière au moment où l’étude a été réalisée, les producteurs de lait continuent à être très attachés à leur métier. La passion est toujours présente, mais la motivation se trouve érodée par des contraintes de plus en plus prégnantes.
Si certaines de ces contraintes comme la charge de travail importante et la pénibilité du travail, intrinsèques à l’activité sont bien intégrées, les producteurs sont plus critiques vis-à-vis de celles qui émanent de l’environnement de la profession. Ainsi, le suivi administratif et réglementaire sont perçus comme une perte de liberté ; la liberté étant un des piliers de leur motivation.
Aussi, les primes sont mal vécues par une majorité d’éleveurs. Même si celles-ci assurent un revenu, les producteurs préfèreraient « vivre de la rémunération des produits de leur ferme ».
Les producteurs de lait n’apprécient pas leur dépendance par rapport aux laiteries qui selon eux «détiennent le pouvoir de décision ». La distribution n’est pas épargnée non plus : pour 54 % des éleveurs, le prix du lait est décidé par les entreprises et pour 18 % par la grande distribution. Ils sont seulement 11 % à citer l’interprofession au sujet de la défense du prix du lait contre 36 % en 2008, preuve qu’ils ont intégré le déplacement du lieu de négociation.
Cette perte de liberté revient sur la table quand il s’agit de faire le bilan de la contractualisation pour une majorité d’éleveurs. Si la sécurisation des débouchés est associées aux contrats pour les deux-tiers des producteurs, 59 % estiment que la contractualisation n’aura pas un effet sur la sécurisation du revenu.
Un prix du lait trop faible
En effet, le prix du lait est jugé trop faible, perçu comme « n’ayant pas évolué depuis de nombreuses années » alors que les charges ont explosé et qu’il faut faire avec une forte volatilité. Les deux-tiers des producteurs préfèrent la stabilité des prix quitte à gagner un peu moins. Mais un tiers d’entre eux sont prêts à accepter une volatilité, plutôt qu’une sécurité à bas prix. Il s’agit notamment des éleveurs bretons (32%) et des moins de 40 ans (31%). Par ailleurs, ils demandent à l’interprofession d’agir pour sensibiliser les consommateurs à la problématique du prix du lait. Car ils sont convaincus, comme en 2008, que leur métier n’est pas reconnu à sa juste valeur par les Français.
Stratégie de réduction des charges
Face à l’environnement économique jugé de plus en plus complexe, les producteurs ne restent pas statiques. La majorité n’est plus dans une logique de maximisation du revenu, mais dans une stratégie d’optimisation de leur système d’exploitation. Ainsi, la quasi-totalité des producteurs (8 sur 10) ont un objectif de réduction des charges. Les postes les plus surveillés sont les produits vétérinaires et les aliments. Sur ce dernier poste, ils sont 57 % à envisager de produire davantage d’aliments pour leur troupeau et 27 % se déclarent engagés dans cette stratégie. Le deuxième axe stratégique c’est la poursuite de l’amélioration de la qualité. Sur les autres postes ils sont plus partagés :
- Un peu plus de la moitié envisage une diversification des revenus. Il s’agit plus particulièrement des régions comme la Bretagne (65%), le Nord-Picardie (62%) ou le Centre (61%) (qui offrent des possibilités de productions végétales). les plus jeunes sont plus nombreux à envisager cette possibilité (62%).
- La moitié déclare chercher à augmenter la production en agrandissant le troupeau laitier (pour 30%), notamment dans les régions Normandie, Nord-Picardie et Grand Est (39%). Les autres producteurs semblent privilégier une augmentation du niveau d’étable en exploitant au mieux le potentiel du troupeau actuel.
La moitié des producteurs sont fonceurs
En ce qui concerne l’attitude face à la conjoncture, la population est scindée. Un peu moins de la moitié des producteurs ont un profil plutôt « fonceur ». Ils veulent aller de l’avant sans attendre et comptent s’adapter au fur et à mesure aux évolutions des marchés. Ce profil domine en Charentes-Poitou (58%) , chez les moins de 40 ans (54%) et les élevages ayant un niveau d’étable supérieur à 8 000 litres (54%). Parmi les « fonceurs », 60% considèrent que leur laiterie leur laissera la possibilité d’évoluer et 30 % qu’ils ne seront pas vraiment libres de leur décision. Les autres sont plutôt « attentistes » comme dans le Sud-Ouest (70%). Ils sont en attente de l’évolution de la conjoncture et des décisions politiques, avec notamment les échéances de 2013 et 2015. Fonceurs et optimistes se rejoignent puisque 54 % des producteurs de lait se disent optimistes quant à leur avenir (63 % en 2008), convaincus par des perspectives encourageantes pour les marchés et satisfaits de leur structure d’exploitation. Les pessimistes considèrent le prix du lait trop faible par rapport aux coûts des intrants et évoquent une trop faible rentabilité.
Activité considérée économiquement importante
Quoi qu’il en soit, l’activité laitière reste considérée économiquement importante. Les plus affirmés sont les producteurs des régions Bretagne (tout à fait d’accord : 82%) et Franche-Comté (85%). A l’inverse cette proportion est plus faible dans les régions Charentes-Poitou (56%), Centre (46%) et surtout Sud-Ouest (37%). Ils sont nombreux ceux qui se réjouissent de la présence de grands groupes français de dimension internationale qui transforment et distribuent dans le monde entier, pouvant ainsi assurer des débouchés solides pour le lait français. Cette vision positive est toutefois contrebalancée par un doute sur les capacités de la filière à imposer ses produits face à la concurrence internationale.
Conscients de leur dépendance vis-à-vis de la filière, les producteurs de lait ont des attentes fortes vis-à-vis des laiteries notamment. Ils considèrent qu’elles sont les mieux placées pour assurer la pérennité des exploitations de par leur capacité à saisir les opportunités des marchés, conclut l’étude réalisée par l’agence ADquation.
Produire plus ?
Les 2/3 des producteurs indiquent que leur structure actuelle leur permettrait de produire plus de lait ; la plupart se déclarant ouverts à des propositions d’augmentation de volumes. On peut considérer qu’environ la moitié des producteurs actuels seraient prêts à produire plus . Mais des questions demeurent sur la rentabilité, l’acceptation des laiteries, le tarif… 1/3 des producteurs prévoient d’augmenter leur production dans les 5 ans à venir. Et près de la moitié des producteurs envisage de maintenir le niveau de production actuel. Enfin, 14% projettent l’arrêt de l’activité d’ici 5 ans dont la moitié se consacrera à d’autres productions, les autres cesseront leur activité professionnelle. La moitié des éleveurs sondés déclarent faire partie d’une organisation de producteurs.
Les 2/3 des producteurs indiquent que leur structure actuelle leur permettrait de produire plus de lait ; la plupart se déclarant ouverts à des propositions d’augmentation de volumes. On peut considérer qu’environ la moitié des producteurs actuels seraient prêts à produire plus . Mais des questions demeurent sur la rentabilité, l’acceptation des laiteries, le tarif… 1/3 des producteurs prévoient d’augmenter leur production dans les 5 ans à venir. Et près de la moitié des producteurs envisage de maintenir le niveau de production actuel. Enfin, 14% projettent l’arrêt de l’activité d’ici 5 ans dont la moitié se consacrera à d’autres productions, les autres cesseront leur activité professionnelle. La moitié des éleveurs sondés déclarent faire partie d’une organisation de producteurs.
Niveau de formation | Moins de 40 ans | 50 ans et plus |
CAPA / BEPA | 7% | 60% |
Niveau de formation | Moins de 40 ans | 50 ans et plus |
Pas de formation agricole | 1% | 12% |
Bac | 32% | 6% |
Supérieur (BTSA/ingénieur) | 60% | 21% |