Denis Verdier :« avoir le courage de réformer »
Dans notre numéro d'hier, nous avons commenté les grandes lignes de l'analyse du bilan provisoire de la vendange 2006 et de la situation du marché par la confédération des coopératives vinicoles de France.
Denis Verdier, président de cette organisation a apporté quelques précisions aux documents réalisés par la Confédération des caves coopératives au cours d'une conférence de presse. En premier lieu, il a insisté sur l'urgence d'engager, dans le cadre de l'OCM vins, une négociation dans le cadre des propositions formulées par Mme Fisher Boel qui ne sont pas, selon lui, à rejeter en bloc comme l'a fait entendre le ministre français de l'Agriculture.
De toute manière, une réforme est inévitable, constate Denis Verdier, il faut avoir le courage de la faire. Le président de la CCVF dénonce la tentation de l'attentisme politique d'ici aux grandes échéances électorales. D'ailleurs si certaines des propositions de la commissaire à l'Agriculture paraissent inacceptables, comme la possibilité de vinifier dans l'UE des moûts en provenance des pays tiers, sans indication de l'origine, en revanche, le projet de la commissaire européenne à l'Agriculture mérite attention sur des points importants comme l'arrachage des vignes et l'incitation au départ en préretraite des viticulteurs qui le souhaiteraient.
Ce sont, selon Denis Verdier, des points négociables à condition que l'arrachage soit « intelligent » (ne pas arracher n'importe quoi, n'importe où) et que le niveau de la préretraite permette au vigneron un départ « honorable» La CCVF propose une préretraite à 18 000 euros contre 5 500 actuellement : la fourchette offre une large plage de négociation !
Une perte comptable de 1 200 euros/ha
Outre l'urgence de la réforme de l'OCM et de la restructuration de la filière, il y a celle du règlement des difficultés immédiates des viticulteurs. Les prix des vins de table continuent de se dégrader (voir Les Marchés d'hier) la moyenne de la campagne 2005-2006 s'étant établie à 2,97 euros le d° hecto, contre 3,66 pour la précédente campagne : en août 2004 la cotation dépassait 4,50 euros le d° hecto, fin juillet 2006 on la retrouvait à 2,70 et ce à l'issue d'une dégringolade quasi interrompue.
Selon les centres de gestion de la région Languedoc-Roussillon, à la fin de l'exercice 2005, 80 % des exploitations viticoles de la région étaient dans le rouge avec une perte comptable moyenne de 1 200 euros à l'hectare, et l'évolution actuelle du marché ne laisse pas entrevoir une amélioration pour l'exercice 2006.
La Confédération demande donc des aides aux exploitations en difficulté et, hier, la CCVF a proposé, dans le cadre de l'interprofession (Anivit) un prix minimum de vente pour les VDT, de 3 euros le d° hecto et de 55 euros l'hecto pour les vins de pays. Ce n'est pas la première fois qu'une telle démarche est tentée, mais sans grand succès face à la loi du marché.