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Démonstration de popularité des signes de qualité et d'origine

Les professionnels des signes AOC et AOP ont tenu à affirmer leur force les 30 avril et 1er mai lors des 22es rencontres de Cambremer. Valorisation d'un territoire, bonne notoriété et gage de confiance auprès du consommateur ont été mis en avant. Autant d'atouts réaffirmés pour que l'Union européenne ne cède pas face aux États-Unis dans le cadre du TTIP.

Quelque 13 000 visiteurs se sont pressés aux vingt-deuxièmes rencontres de Cambremer les 30 avril et 1er mai derniers. Soit une fréquentation en hausse de 7,5 % pour le festival des AOC et AOP (appellations d'origines contrôlée et protégée) par rapport à la précédente édition. Un public se répartissant entre les différents ateliers du goût et les stands des producteurs. Cette année les produits de Savoie étaient à l'honneur en Normandie avec leurs cinq AOP et leurs deux IGP (indication géographique protégée) fromagères ainsi que les AOP vins.

Sebastien Breton, directeur de l'Association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes (Aftalp) et délégué d'oriGIn France, a précisé le potentiel important des AOP et IGP pour les deux Savoie : « La Savoie se trouve à 80 % en zone de montagne. Elle est la première destination touristique hivernale et génère 46 000 emplois avec un budget de communication de 3 millions d'euros par an. 2000 producteurs de lait, 325 millions de litres de lait, plus de 340 ateliers fermiers ou en alpage pour 32000 tonnes de fromages produits en AOP et IGP ». « Nous célébrerons le 3 juillet la onzième fête des fromages de Savoie à La Chapelle-d'Abon-dance », a-t-il annoncé.

Notoriété et indice de confiance

Ces rencontres sont aussi l'occasion de débattre autour des signes de qualité, en particulier cette année de leur perception par les consommateurs. Une étude en date du 24 mars 2016 ayant ras-semblé 3 608 réponses (soit 96 % de l'échantillon) a été commanditée, via le service études, par Florence Humbert, journaliste pour Que Choisir concernant la perception des Siqo (signes officiels de la qualité et de l'origine) ou de logos alimentaires par des consommateurs adhérents à l'association consumériste. « Attention, a-t-elle prévenu, les adhé-rents de Que Choisir représentent des personnes déjà au fait des problématiques posées. Il ne peut pas y avoir d'extrapolations des résultats à l'ensemble de la popu-lation française. »

Parmi les lecteurs de Que Choisir, le label Rouge et l'agriculture biologique remportent la palme avec 99 % de notoriété. L'AOC arrive en 6e place, l'IGP en 8e , l'AOP en 10e et la STG (spécialité traditionnelle garantie) en 12e en avant-dernière place. En niveau de confiance, l'AB (agriculture biologique) confirme sa première place avec 88 % de confiance, le label Rouge sa deuxième position avec 83 % de confiance, l'AOC la troisième avec 62 %, l'AOP la cinquième, l'IGP la septième. Saveurs de l'année et Élu produit de l'année ne remportent que 7 % et 10 % de confiance.

Une situation étrange : les moules de bouchot

Le monde des signes de qualité peut aussi parfois sembler complexe. Un exemple est venu montrer comment certaines situations peuvent virer à l'absurde. La moule de bouchot de la baie de Mont-Saint-Michel avait obtenu une AOP en 2011. Une STG a vu le jour en 2013. Un label Rouge a été accepté par le ministère en 2015 et un autre label Rouge est en publication au Journal officiel depuis le mois de mars. Pauvre consommateur ! « Comment s'y retrouver devant quatre signes officiels sur un même produit ? », s'est interrogé Nicolas Lebeau, un des acteurs de la moule de bouchot. On peut aussi se poser la question de l'attitude que va avoir la grande distribution face à cette floraison de labels ...

Dans les coulisses du TTIP

Et la question dépasse l'Hexagone. Les signes de qualité et d'origine français et plus largement européens crispent les relations entre les États-Unis et l'Union européenne dans le cadre de la négociation du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP), dont il a été beaucoup question à Cambremer. Un des points d'achoppement est celui, parmi beaucoup d'autres, des produits sous indications ou appellations géographiques protégées. À l'heure actuelle, les négociations ne progressent pas, les Américains ne voulant pas entendre parler de produits protégés. Un véritable lobby s'est créé, à la fois professionnel (consortium pour les noms communs en alimentaire) et politique via le Congrès. Il s'est fixé l'objectif de lutter ” contre les indications géographiques à la fois américaines et européennes. Ce lobby est tenu principalement par l'interprofession laitière américaine qui veut continuer à pouvoir fabriquer et exporter des fromages européens en usurpant leurs noms. Les négociations qui avaient eu lieu en 2006, menées par la com-missaire européenne de l'Agriculture de l'époque, Mariann Fischer Boel, concernant la protection de noms tels Champagne, Bordeaux, Chablis, Chianti avaient abouti à un désastre en faisant jouer « la close du grand-père » qui rendait ces produits « semi-génériques ». Résultat, 50 % du champagne consommé aux États-Unis portent le nom « Champagne » américain.

En France, le chiffre d'affaires des IG représente 23 milliards d'euros

Une large unanimité

Greenpeace, en révélant une grande partie des négociations secrètes a allumé le feu il y a quelques jours. Depuis, communiqués et prises de paroles politiques, tant au plus haut sommet de l'État que parmi les ministres, se déchaînent. Pour l'instant, l'Union européenne paraît bien d'accord pour ne pas recommencer comme en 2006 : « sur aucune des demandes qui est faite ni sur les principes, ni sur la transparence, ni sur la question des tribunaux privés et notre proposition de Cour de justice commerciale internationale, ni sur le respect de l'agriculture, ni sur la question de la défense de nos PME pour qu'elles puissent travailler davantage aux États-Unis, nous ne sommes satisfaits ou entendus », a lâché Matthias Fekl, ministre du Commerce sur France Info.

OriGIn en fer de lance

la fois en coulisses et sur la tri-une de la table ronde, Claude ermot-Desroches, président u comté et président d'oriGIn rance a rappelé : « le chiffre d'af-aires des indications géogra-hiques européennes représente 4 milliards d'euros dont 23 mil-iards d'euros rien que pour la rance. L'Union européenne ne oit pas céder face aux États-nis qui ne veulent pas protéger os indications géographiques fin de pouvoir continuer à opier ou usurper nos produits. es indications géographiques ppartiennent au patrimoine de 'Union européenne, c'est une onception de l'agriculture col-ective qui a fait ses preuves. ujourd'hui, tout le monde poli-ique (Assemblée nationale, inistres, Sénat, ndlr) a pris fait t cause pour les indications géo-raphiques. De plus, nous ne oulons pas de liste comme cela été fait lors des accords avec le anada dans lesquels seuls qua-ante-quatre produits français ont protégés. Avec les États-nis, c'est tout ou rien. »

NÉGOCIATIONS : « IL NE FAUT PAS REPRODUIRE LES ERREURS DU PASSÉ »

Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao, présent à Cambremer, monte au créneau pour défendre les indications géographiques.

Les Marchés Hebdo : Existe-t-il une réelle entente entre les négociateurs concernant les indications géographiques (IG) ?

Jean-Luc Dairien : Il ne faut pas reproduire les erreurs du passé. Cette fois la Commission européenne est bien décidée à ne pas modifier sa position sur les IG. Mais pour l'instant, il faut laisser les négociateurs avancer. Il existe une unité profonde sans clivages politiques. Il y a un accord total tant interprofessionnel que politique à tous les niveaux dans les 28 pays de l'UE. La question n'est pas qu'agricole, elle est aussi territoriale. Quand les négociations sont difficiles, il est important que tout le monde soit d'accord, et c'est le cas.

LMH : Existe-t-il une date butoir ? J.-L. D. : La date butoir est celle que les négociateurs se fixeront. Nous irons jusqu'au bout de nos possibilités, et si nous ne parvenons pas à un accord, IG comprises, nous arrêterons de négocier. Il n'y aura pas d'accord. Nous avons également l'appui de certaines associations américaines qui souhaiteraient elles-mêmes protéger leurs produits aux États-Unis. Ce sont des partenaires actifs et ils l'ont prouvé l'année dernière en venant à Cambremer. Je reste confiant malgré tout devant l'unanimité des partenaires européens. Propos recueillis

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