De meilleurs outils pour dompter la volatilité
L’afflux des investisseurs sur les marchés dérivés des matières premières est lié à la volatilité de ces dernières, mais en est-il la cause ? Une question hors sujet pour le G20, qui a cependant reconnu à Pittsburg « l’excessive volatilité du prix ».
Michel Barnier, depuis un an commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, est l’interlocuteur-clé des politiques soucieux d’assagir les prix agricoles. L’ancien ministre de l’Agriculture est le premier concerné par la décision de la Commission européenne de poursuivre les recherches en vue de « comprendre parfaitement l’interaction entre les marchés physiques et les marchés financiers » et aussi de participer aux travaux sur les régulations dans le cadre du G20. Le monde agricole l’écoute attentivement dans la perspective d’une rencontre des ministres de l’Agriculture du G20 en juin prochain à Paris. Il a dû intervenir dans la polémique de la fin janvier entre Bruxelles et Paris sur le lien entre la spéculation et les difficultés d’accès aux matières premières. « Le nouveau président du G20, le président de la République française, a raison de vouloir agir sur cette question », a-t-il consenti. Le commissaire était alors convaincu d’une « forme de spéculation qui accentue, accompagne, accélère la volatilité des prix ». La communication qu’a adressée ces derniers jours la Commission aux différentes instances européennes ne fait pas ressortir ce point de vue. Du reste, elle concerne beaucoup moins les marchandises agricoles que les métaux et autres minerais.
La volatilité est structurelle selon Michel Portier, fondateur et gérant d’Agritel, spécialiste de la gestion de risque sur les marchés des grains. Loin de dénoncer la spéculation, le conseiller est d’accord pour qu’Euronext distingue l’activité commerciale de l’activité spéculative. Ce principe fait l’unanimité chez les réformateurs européens des marchés à terme. C’est déjà le cas sur le CBOT de Chicago où les opérateurs sont identifiés lors de l’ouverture des comptes. Les opérations de ceux-ci sont suivies, ce qui offre à l’analyse des mouvements une transparence régulière sur les positions prises. Cette règle a toutes ses chances d’être adoptée au sein du G20. Une seconde règle est en vue : le contrôle de la volatilité à court terme, grâce à des limites quotidiennes de fluctuation.
Le suivi planétaire des fondamentaux : un leurre ?
La Commission européenne propose de son côté de réviser les directives sur les abus de marché et les marchés d’instruments financiers à des fins d’« amélioration de l’intégrité, de la transparence et de la stabilité des marchés des instruments dérivés sur matières premières ». Selon Michel Portier, il faudrait que soit reconnue la spécificité des marchés à termes de marchandises. « Si les ventes à découvert ont une justification dans le contrôle de la spéculation sur les marchés actions, celles-ci seraient totalement inadaptées sur les commodities », donne-t-il en exemple.
Les questions de suivi et de gouvernance des marchés physiques sont beaucoup plus controversées. Michel Portier, lui, ne conçoit pas de stocks stratégiques ailleurs que dans les pays importateurs. Il pense aussi qu’une meilleure acuité dans l’observation des fondamentaux entre les différents continents n’est pas seulement illusoire. Elle ne contiendrait en rien la volatilité.