Dans la brèche
Il y a un mois, la conférence interministérielle de l’OMC à Hong Kong aboutissait à un accord minimal sur la suppression des subventions agricoles à l’exportation d’ici 2013. Nous avons largement regretté dans ces pages le caractère unilatéral de cet engagement et l’abandon par l’Union européenne de sa vocation exportatrice, malgré le développement programmé de la consommation mondiale. On se rend compte jour après jour que ce renoncement (confirmé par l’abandon immédiat des restitutions sur le bétail vivant, hors reproducteurs) n’a rien de symbolique. Exemple cette semaine : la Russie a rouvert ses frontières au bétail vivant européen, qu’elle avait fermé en… 2004 pour cause de risque ESB (les justifications sanitaires ont décidément bon dos en Russie). Bonne nouvelle, dira-t-on, surtout pour les éleveurs, coopératives et négociants français qui, naguère, envoyaient leurs races à viande par trains complets direction Belgorod. Seulement voilà : l’objectif de la Commission européenne, ce n’est pas de développer l’élevage bovin en Europe mais de le réduire. Elle y réussit avec une efficacité qu’on aimerait lui voir développer dans d’autres domaines. Résultat, la France aura bien du mal à répondre à cette demande de reconstitution d’un cheptel russe décimé. D’autres ont moins de scrupules. On a appris cette semaine que le Brésil avait signé avec la Tunisie un important accord dans le domaine agricole afin de développer sa part de marché, aujourd’hui marginale, « dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, notamment dans le secteur des viandes ». La France, premier partenaire commercial de la Tunisie et premier investisseur étranger sur place, ferait bien de se méfier.