Danone adopte une nouvelle organisation

Danone a enregistré un chiffre d’affaires 2016 de 21,944 milliards d’euros, en hausse de 2,9 % en données comparables. « Notre croissance est légèrement inférieure aux objectifs fixés », commente Cécile Cabanis, directrice financière du groupe, qui projetait 3 à 5 % de hausse l’an dernier à la même époque. En données historiques, les ventes perdent 2,1 %, conséquences négative de la variation des taux de change (-5,5 %), en particulier pour le peso argentin, le peso mexicain et le rouble russe, et positive du périmètre de consolidation (+0,6 %), résultant de l’intégration globale des sociétés du groupe Fan Milk International depuis décembre 2015. « L’amélioration significative de notre marge opérationnelle courante, à +70 points de base, compense la décélération de la croissance des ventes », poursuit Cécile Cabanis. Le groupe affiche un bénéfice net par action (BNPA) courant en progression de 9,3 % en données comparables et un flux de trésorerie disponible en hausse de 16,8 %. Les investissements industriels se sont établis à 925 millions d’euros en 2016, soit 4,2 % du chiffre d’affaires du groupe.

Nutricia en progression

Sur la nutrition médicale, le groupe affiche une croissance de 7,4 % en valeur et de 4,8 % en volume en données comparables, « équilibrée entre les différentes zones géographiques ». Elle est de +5 % en Europe, tirée par la performance du Royaume-Uni et du Benelux, et de +10 % en zone Alma (Asie Pacifique/Amérique latine/Moyen-Orient/Afrique) en particulier grâce à la Chine et au Brésil. Les ventes de la nutrition infantile ont progressé de 3,5 % en 2016 et les volumes de 0,6 %. Relativement stables en Europe, elles ont fortement augmenté en zone Alma, hors Chine.

L’activité des eaux affiche une croissance valeur et volume de 2,9 %, tirée par l’Europe et la zone Alma, hors Chine. « Nos équipes ont réussi de beaux lancements d’innovations comme le nouveau pack d’Évian 4 x 1,5 litre (sans suremballage, ndlr) », indique Emmanuel Faber, le directeur général de Danone. En Chine, les ventes de Mizone ont baissé en 2016, « impactées par des ajustements de stocks dans un marché en transition », explique le groupe. Dans ce pays qui connaît un ralentissement de la consommation, Danone souhaite se focaliser sur la part de marché de sa marque, la maintenant autour des 5 %.

Enfin, l’activité des produits laitiers frais a connu une grande disparité de performances selon les régions. Au niveau mondial, la croissance des ventes s’est accélérée, à +2 % en 2016 contre +0,6 % seulement en 2015, mais les volumes chutent de 2,6 % sur un an, en données comparables. « Nous avons connu une croissance très forte aux États-Unis, en particulier au premier semestre. Danone a atteint des parts de marché records dans ce pays », se réjouit Emmanuel Faber. En Russie, où Danone détient désormais 92,5 % du capital de sa filiale issue de la fusion avec Unimilk en 2010, le groupe a pu neutraliser l’effet de la baisse des volumes par la revalorisation de son portefeuille de marques. En Europe, la situation est plus difficile. Les ventes de son activité produits laitiers frais ont été fortement affectées par la contre-performance d’Activia (voir encadré).

Plus proche du local

Pour mener à bien son ambition 2020 et dans la perspective de l’acquisition de WhiteWave Foods, Danone a repensé son organisation pour mieux maîtriser ses coûts et permettre des prises de décisions plus rapides. « Nous ne croyons pas à la mondialisation à l’ancienne, nous pensons que la consommation va être de plus en plus tournée vers le local, c’est pourquoi nous ne voulons pas que notre modèle soit global mais qu’il parte du local », exprime le directeur général.

Les trente pôles définis il y a deux ans dans le cadre du programme One Danone pour mutualiser les fonctions support sont aujourd’hui en place. « Nous voulons créer un nouvel étage de prise de décision », indique-t-il. Ainsi, la définition des Régions a été alignée entre les quatre métiers, et une équipe de direction au niveau régional va être constituée, intégrant les vice-présidents régionaux opérationnels actuellement chargés du déploiement de la stratégie des divisions dans leur Région. « Le comité exécutif va déléguer des prises de décision aux responsables régionaux pour que celles-ci soient au plus près des réalités locales », développe Emmanuel Faber.

1 milliard d’euros d’économies

Le comité exécutif a été restreint à sept personnes, en dehors du directeur général, chacun des membres ayant désormais un rôle élargi avec des responsabilités opérationnelles. Ainsi, Lorna Davis prendra la tête de la nouvelle unité d’affaires stratégique de l’Amérique du Nord, qui regroupera les activités des produits laitiers frais de Danone et celles de WhiteWave Foods dans la région, pour un chiffre d’affaires de 6 milliards de dollars. Gustavo Valle, directeur général des produits laitiers frais (à l’exception du marché nord-américain) prendra la responsabilité de la nouvelle fonction pour l’efficacité des ressources et pilotera le nouveau programme d’efficacité Protein. Portant sur les dépenses administratives et autres frais généraux, il vise à générer 1 milliard d’euros d’économies pour le groupe d’ici à 2020. Pour ses objectifs 2017, qui seront actualisés après l’acquisition de WhiteWave Foods, Danone table sur une croissance de son BNPA courant supérieure à 5 %.

Activia n’est plus en phase

« Nous avons connu des difficultés dans le relancement d’Activia en Europe », a déclaré Emmanuel Faber, directeur général de Danone, le 15 février, lors de la présentation des résultats annuels. Alors que la marque souhaitait cibler à la fois des consommateurs plus jeunes et plus seniors et adopter un positionnement plus prémium, elle a érodé sa base historique de consommateurs. En Espagne, les ventes, qui affichaient une croissance quasi nulle, ont chuté de 5 % après la refonte. « Nous allons faire des ajustements, accélérer les lancements d’innovations qui étaient prévus au second semestre et activer les stratégies promotionnelles habituelles d’Activia », rassure Emmanuel Faber. « Le redressement des produits laitiers frais en Europe prendra plus de temps que prévu. Les effets du nouveau calage d’Activia ne se feront pas sentir avant l’année prochaine », précise-t-il.