« D’abord saturer son marché local »
Y.K : Les produits du terroir n’ont jamais autant eu de succès, votre marque reflets de France en témoigne…
A.F. : Ce sont les grandes crises alimentaires qui ont provoqué cet engouement pour les produits du terroir. Ce sont ces crises qui ont réveillé l’intérêt pour des choses qui jusque-là étaient considérées comme éminemment ringardes. Leur recherche de produits nouveaux était jusque-là uniquement basée sur les apports de la technologie, mais à partir de1995-1996, nous avons assisté à un retournement. Alors que tout le progrès avait consisté jusque là à nous protéger contre les méfaits de la nature, on s’est mis à considérer que c’était finalement la nature qui était bonne.
Y.K : Tous les produits de terroir peuvent-ils espérer un référencement national ?
A.F. : Non, je crois pour commencer qu’il faut que le produit du terroir soit très bien ancré dans sa région avant de pouvoir penser à l’exporter au delà. Il est illusoire en tout cas de prétendre à commercialiser nationalement un produit “terroir” s’il n’a pas déjà une forte notoriété régionale. Tout comme il est risqué de faire resurgir un produit qui n’existait plus du tout. Que les PME commencent par saturer leur marché de proximité avant d’envisager autre chose. Et notre souci, c’est de parvenir à trouver les entreprises qui pourront produire. Pour l’Aligot par exemple, la première version fut lyophilisée, puis nous avons trouvé un fournisseur pour le produire en congelé, et enfin, en frais.
Y.K. : Les marques collectives, et régionales par exemple, peuvent-elles être un atout pour la promotion des produits du terroir ?
A.F. : Je n’en suis pas persuadé, parce qu’au sein d’une marque collective, il faut gérer les individualités… La seule vrai marque collective qui semble fonctionner, c’est “Produit en Bretagne”.