Cristal Union mise son développement sur l’éthanol
Cristal Union veut s’appuyer sur un nouveau modèle plus cohérent avec les préoccupations sociétales. L’entreprise est même prête à remettre en question l’existence de sa « boîte plastique Daddy » qui a fait son succès (4 000 tonnes par an) ! Intervenant à l’occasion d’une journée de presse organisée par le Cedus à Reims le 9 novembre dernier, le directeur général de Cristal-Union, Alain Commissaire, a présenté « les deux courbes qui ont transformé la vie de Cristal Union ». Il a fait allusion à l’évolution de la température dans le monde durant les 140 dernières années ainsi qu’à la hausse de la concentration atmosphérique en CO2 tout autour de la planète.
Pour lui, l’épisode « éthanol-biocarburant » n’est pas qu’un événement de plus dans la vie de Cristal Union. C’est avant tout ce qui permet au groupe marnais de tracer ses nouvelles voies de développement en s’appuyant notamment sur les travaux menés dans le secteur des agro-ressources (Chamtor, ARD, pôle de compétitivité…).
Cristal Union va donc investir dans les prochains mois pour « transformer sa distillerie d’Arcy-sur-Aube (1,5 million d’hl de capacité) dans une distillerie biomasse sans utilisation énergétique extérieure », a révélé le directeur. « On va y transformer, brûler et gazéifier différents produits pour s’affranchir de l’énergie fossile », a-t-il poursuivi en précisant que les appels d’offres seront lancés d’ici la fin de l’année. Ce sera inévitablement un grand pas vers la production de biocarburants de seconde génération.
La betterave produira 60% de l’éthanol
En outre, Cristal Union construit la première tranche de sa distillerie Cristanol sur les 45 ha qui jouxtent la sucrerie de Bazancourt (51). Pour cette opération, Cristal Union a ouvert le capital de Cristanol au secteur coopératif. Avec 55 % des parts, Cristal Union reste certes majoritaire, mais en partenariat avec une holding d’une vingtaine de coopératives dénommée Blethanol et dont 25 % sont détenus par Champagne Céréales.
L’investissement se monte à 101 millions d’euros pour cette première phase d’une capacité de production d’1,5 million d’hectolitres d’alcool à partir de betteraves et de 10 à 15 % d’un substrat céréalier mis au point par Chamtor. Elle sera opérationnelle dès juin 2007 et permettra d’envoyer un à deux trains d’alcool par semaine vers les raffineries. Elle emploiera 60 personnes en permanence et devrait réaliser un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros.
La deuxième phase de Cristanol (150 millions d’euros d’investissements) est programmée pour 2009 et devrait produire de l’éthanol à partir du blé. La décision vient d’être prise par le conseil de Cristal Union qui attend le feu vert des autorités (Drire.)
« On a fait une usine dont 60 % de l’éthanol produit proviendra de la betterave et le reste en blé. Car s’il y a un cours mondial du blé, il n’y a pas de cours mondial de la betterave. Et mieux vaut aujourd’hui, au vu des cours du blé, produire de l’éthanol à partir de la betterave plutôt que du blé… car la fidélité des producteurs a ses limites… », a prévenu Alain Commissaire. Les deux phases pourront permettre de produire 3,2 millions d’hectolitres, dont 2,8 millions d’hectolitres d’éthanol et 500 000 hl d’alcool de bouche (avec la possibilité éventuelle de « doubler facilement cette production »). Par contre si la production d’éthanol doit se développer, Cristal Union envisage de construire un nouveau site de production à Corbeilles-en-Gâtinais dans le Loiret… « Mais ce ne sont des réflexions menées pour la fin de la décennie », conclut Alain Commissaire.