Crise viticole : Bussereau annonce son plan financier
Dominique Bussereau a répondu partiellement aux attentes de la filière viticole française confrontée à une crise de surproduction en annonçant, hier, une série d’aides aux exploitations fragilisées.
Ce plan de soutien contient des mesures assez classiques : 3 M Eur seront mobilisés sur l’année 2005 au titre de la procédure agridiff (agriculteurs en difficulté) et du fonds d’allégement des charges ; 8,5 M Eur seront consacrés à des aides exceptionnelles de trésorerie avec une priorité aux jeunes agriculteurs. A cela s’ajoute une enveloppe exceptionnelle de 40 M Eur de prêts de consolidation qui permettra d’étaler sur 5 ans, à coût réduit, les échéances bancaires des vignerons en difficulté et 15 M Eur de prêts de consolidation supplémentaires accordés aux caves coopératives. Pour l’Etat, la seule mesure de soutien aux entreprises en difficulté qui représente un coût important sera le financement de 500 aides au départ en préretraites étalées sur 5 ans (pour un coût de 2,7 M Eur).
Concernant la mesure la plus attendue par les professionnels, la distillation, le ministre a indiqué, dans un communiqué, qu’il allait solliciter auprès de la Commission européenne l’ouverture d’une distillation de crise avec un prix majoré, « compte tenu du poids des AOC dans ces excédents ». Le volume pour la France devrait atteindre 2,5 M d’hl dont 2 M d’hl d’AOC et 0,5 M d’hl de vins de pays. Le système européen de la distillation de crise a été prévu à l’origine pour évacuer le surplus de vins de table et la compensation financière attribuée aux viticulteurs s’avère peu incitatrice, surtout dans le cas de producteurs de vins d’appellations. Or Bruxelles condamne systématiquement les aides nationales à la distillation. La France aurait cependant une carte à jouer en évoquant le fait que ce sont des VQPRD qui sont excédentaires, sollicitant une majoration de l’aide comme l’a déjà obtenue l’Allemagne, en 2002. La France pourrait bénéficier du soutien de l’Espagne et de l’Italie dans cette démarche. Reste à savoir si Bruxelles disposera des moyens financiers nécessaires.
3,5 M Eur pour stimuler l’export
Afin de réduire l’excédent, Dominique Bussereau s’est également déclaré prêt à « soutenir l’utilisation de moûts de concentrés pour l’enrichissement des vins AOC en remplacement du sucre de betterave pour les bassins de production qui en feront la demande, à condition que les moûts soient produits localement ». La semaine passée, l’Onivins évaluait à 1 M d’hl la quantité de vins qui pourrait être dégagée du marché par ce biais.
Le plan de Dominique Bussereau contient aussi une série de mesures plus structurelles. Parmi lesquelles une enveloppe de 3,5 M Eur dégagée en 2005 pour stimuler les ventes de vins français à l’étranger. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du partenariat pour le développement des industries agroalimentaires et s’ajoute aux soutiens déjà mis en place.
Enfin, concernant la réorganisation de l’offre viticole française, le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il souhaitait travailler par bassin de production. Des rencontres seront organisées avec chacune d’entre elles, le premier rendez-vous étant fixé le 17 février avec les viticulteurs bordelais. L’ensemble de la filière sera à nouveau invité, rue de Varenne à la mi-mars, pour faire le point sur ces mesures.