Côtes du Rhône primeur : des ventes en chute libre

Aujourd’hui « vin primeur» rime essentiellement avec « Beaujolais nouveau». Normal : le Beaujolais représente 84 % des volumes de vins AOC primeurs commercialisés en grande distribution. Pourtant, le 17 novembre, d’autres régions fêteront, dans une plus grande discrétion, la sortie des premiers vins du millésime 2005.
L’interprofession Inter Rhône célèbrera par exemple la sortie des Côtes du Rhône primeur (7 % des vins AOC primeurs en 2004) à Avignon. Vignerons, négociants et amateurs de vins se réuniront le matin sous les halles. Le soir, le grand public sera invité à déguster un verre sur la place du Palais des papes. Chaque bouteille vendue à cette occasion sera au tarif unique de 4 euros. Cette année, trois millions de bouteilles de Côtes du Rhône primeur (25 000 hl) seront mises en marché pour un chiffre d’affaires d’environ 9,5 M Eur, selon Inter Rhône. C’est pratiquement trois fois moins qu’en 1996. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Depuis le renforcement de la règle des agréments (il y a 5 ou 6 campagnes), les opérateurs ne pouvant plus commercialiser des vins primeur sous une autre appellation sans redemander un agrément, les volumes se sont rapprochés des demandes réelles du marché. Autre explication : une faible récolte depuis trois ans – cette année est la plus faible depuis 20 ans en Côtes du Rhône primeur – et un millésime concentré peu propice à faire du primeur. A ces causes, s’ajoute le rôle déterminant de la grande distribution (24 % des ventes).
Un calendrier trop court
« Avant les enseignes présentaient les primeurs jusqu’en février. Depuis 4-5 ans, une opération est mise en place le 3e jeudi de novembre et le week-end suivant. Le rayon vivote jusqu’en novembre, puis les primeurs sont remplacés par les foires de fin d’année», analyse Jérôme Villaret, responsable du service économique d’Inter Rhône. La consommation, qui s’était étendue jusqu’en région parisienne et en Bretagne, redevient plus régionale. Les ventes aux caveaux, elles, progressent (elles représentent 30 % des ventes). « Les vignerons positionnent le primeur comme un produit de fête. Des journées portes ouvertes sont organisées surtout sur Côte du Rhône rive droite», poursuit M. Villaret.
Même constat pour les vins de pays primeurs qui sortent le 3e jeudi d’octobre. La grande distribution leur réserve de moins en moins de place et de temps. Résultat : les ventes chutent. Cette année les ventes en vrac de vins de pays rouges et rosés primeurs s’élèvent à 27 589 hl contre 36 137 hl l’an passé (soit -24 %) et 45 640 hl en 2002/2003 (-40 %).