Coopératives : Midi-Pyrénées contre l'individualisme
L'assemblée générale de la Fédération régionale des coopératives agricoles et agroalimentaires (FRC2A) de Midi-Pyrénées a été l'occasion, pour son président, Claude Laborde, de rappeler que les « coopératives représentent la troisième force du monde agricole derrière la FNSEA et l'APCA» et qu'elles doivent être incontournables face au « véritable enjeu de demain que représente le partage des marges entre la grande distribution, les structures organisées (coops, OP) et les producteurs ». « Les GMS jouent, en effet, sur du velours grâce à la concurrence que les coopératives se font aujourd'hui entre elles, renchérit Philippe Mangin, président de Coop de France. Nous devrons consacrer ces dix prochaines années à mieux nous organiser, en allant à contre-courant de la pensée unique qui prône l'individualisme.»
« Le rôle des coopératives sera aussi de soutenir leurs adhérents dans le maintien et le développement des produits sous signe officiel de qualité, notamment pour que les circuits commerciaux mis en place ne soient pas abandonnés, par manque de volumes, ajoute François Toulis, vice-président de la FRC2A. Dans la filière bovine, par exemple, les SOQ se sont beaucoup développés au moment de la crise de l'ESB, puis le phénomène s'est tassé parce que les consommateurs ont oublié et ont donné plus d'importance au prix. Aujourd'hui les produits sous SOQ et standards sont au même prix, le surcoût des premiers étant entièrement à la charge des éleveurs. Mais il est important de garder ces produits haut de gamme, car ce sera bientôt, pour nous, le seul moyen d'imposer la viande française, face à l'augmentation constante des importations. La filière ovine l'a bien compris. Sa segmentation grâce au Label Rouge lui permet de se déconnecter des cours mondiaux et des 140 000 tonnes équivalent carcasses importées (tonnage 2005).»
Regrouper le vignoble sous la même bannière
En Midi-Pyrénées, l'offre en bovins et en porcins a diminué ces dernières années, et celle en ovins est restée stable. Les cours sont soutenus et même en hausse pour le porc qui a gagné 8 % en deux ans. La situation est loin d'être aussi positive pour le secteur viticole et les caves coopératives ont connu de grandes difficultés, en 2005-2006, pour conserver leurs parts de marché et leur niveau de prix. Pour faire face à cette situation, elles se sont largement impliquées dans la création d'un Comité de bassin Sud-Ouest et d'une interprofession régionale des vins de pays. Cette dernière permettra, à terme, de mettre en place une interprofession viticole unique sur le bassin. « Il aura fallu 20 ans aux AOC et aux vins de pays pour se parler et se comprendre, aujourd'hui on commence tout juste à construire», souligne Guy Dartigues, vice-président de la FRC2A. Regrouper le vignoble sous la bannière des « vins du Sud-Ouest » devrait aider les metteurs en marché (aujourd'hui plus de 600 sur la région) à peser davantage, face à la dizaine de clients qui effectuent 90 % des achats. Une nouvelle coopérative viticole, les Vignerons Amadouriens, s'est par ailleurs créée cette année, dans le Lot.
Enfin, toujours dans l'objectif d'apporter aux coopératives des services qui les aideront dans leur développement, la FRC2A de Midi-Pyrénées lance une formation pilote pour les dirigeants des structures, qui accueillera des duos président/directeur. Il s'agira d'une formation très concrète, pensée comme un parcours d'accompagnement individuel, en petit groupe, qui partira des situations vécues par les dirigeants, de leurs questions et de leurs objectifs, pour les aider à prendre des décisions. Le premier groupe commencera en novembre.