Coopérative laitière : le groupe 3A a redressé la barre
De notre correspondante en Midi-Pyrénées
En 2004, lorsque Jean-Louis Loustau, nouveau président, et Henri-Jacques Buchet, nouveau directeur général, sont arrivés à la tête de 3A, à Toulouse, celui-ci venait de perdre 13 millions d’euros en 2003 et allait encore s'alléger de 15 millions d’euros sur l'année en cours. Un déficit essentiellement dû à la crise du lait de consommation, activité principale du groupe à l'époque. Dès la première année, les nouveaux dirigeants ont entrepris une complète restructuration. Un accord de partenariat a tout d'abord été trouvé avec Sodiaal qui a repris l'activité lait de consommation de l'usine 3A de Lons (Pyrénées-Atlantiques). En échange, 3A possède 18 % des actions de Candia, ce qui en fait le plus important actionnaire minoritaire (un administrateur) et continue à livrer la laiterie 3A vend 250 Ml de lait à Candia. Parallèlement, 3A a cédé ses filiales espagnoles à Lactalis (Central Lechera Vallisoletana et Grupo Prado Cervera) et la Société des eaux d'Alet (qui perdait 1 à 1,5 millions d’euros par an) à Olivier Sadran. « Ces ventes ont représenté des choix stratégiques difficiles, mais elles nous ont permis de commencer à désendetter le groupe et de nous recentrer sur certaines facettes du métier», expliquait Henri-Jacques Buchet à une centaine de jeunes agriculteurs, coopérateurs 3A depuis peu, présents au Forum Jeunes, organisé par le groupe dans son usine de Villefranche-de-lauragais (Haute-Garonne), le 22 mars.
3A a alors entrepris de booster l'activité fromagère de sa filiale Les Fromageries Occitanes (LFO), en reprenant deux sites de production de Sodiaal à Lanobre (Cantal) et St Girons (Ariège), Sodiaal devenant alors actionnaire de LFO à hauteur de 9 %. En 2005-2006, LFO a effectué un gros travail de repositionnement de ses gammes et a relancé sa marque Capitoul destinée aux rayons LS des GMS, la marque Cantorel étant désormais réservée à l'export (20 % des ventes).
Un résultat courant positif
« En 2003, 3A réalisait 1 milliard d'euros de CA, avait 3 000 salariés et perdait 13 millions d’euros. En 2006, notre CA est de 600 millions d’euros, nous n'avons plus que 2 000 salariés et notre résultat courant est positif, bien que nous soyons encore endettés, souligne Henri-Jacques Buchet. Nous avons retrouvé la confiance des banques, des institutionnels et de nos salariés, mais aussi une capacité à investir, qui est de 14 millions d’euros par an.» En 2006, c'est la branche LFO qui en a bénéficié pour renforcer ses capacités d'affinage et améliorer ses outils de conditionnement et de stockage. En 2007, c'est l'usine Boncolac de Bonloc (Pyrénées-Atlantiques) qui sera équipée d'une nouvelle ligne de fabrication de tartes surgelées (6 millions d’euros).
Ainsi, après deux années de redressement et une année de consolidation, 2007 devra «confirmer ce retournement». « Notre objectif est de jouer un rôle de numéro un sur le marché des fromages AOC d'Auvergne, des Pyrénées et de Roquefort, conclut le directeur général. Mais nous allons aussi renforcer nos activités de diversification pure, développées par Boncolac Crèmes glacées, pâtisseries et produits traiteur surgelés, filiale qui dégage aujourd'hui le plus de résultats dans le groupe, et jouer notre rôle de leader en alimentation animale avec Bonilait Protéines Bonilait traite les co-produits du lait comme le sérum et possède une filiale d'aliments pour veaux, Univor, dont nous possédons 57 % .» Enfin, l'usine 3A SA de Toulouse, qui met en bouteille du lait Candia et fabrique des yaourts sous MDD, vient de décrocher de nouveaux contrats. Cette production devrait passer de 40 000 à 70 000 tonnes par an.