A contre-courant
La question de «l’équilibre nutritionnel » est devenue le poil à gratter de l’industrie agroalimentaire, singulièrement en France. Il est vrai qu’il devient de plus en plus difficile de contourner le problème, à considérer les chiffres très préoccupants publiés cette semaine par l’assurance maladie (LM du 9 juin). La proportion d’adultes obèses en France, stable entre 1980 (6,4 %) et 1991 (6,5 %) aurait brusquement grimpé dans la dernière décennie pour atteindre 10,1 % de la population adulte en 2003. Rien d’étonnant donc à ce que la pression des milieux scientifiques et médicaux comme de l’opinion s’accroisse pour imposer des mesures contraignantes aux industriels et aux détaillants. Le débat sur la présence ou non des distributeurs illustre le raidissement des parties prenantes. La discussion d’un amendement visant à leur réintroduction en milieu scolaire, qui doit être discuté au Sénat cette semaine dans le cadre de la loi sur PME, a mis le feu aux poudres. Dans un communiqué, l’UFC Que Choisir a dénoncé vendredi «l’acharnement » de certains élus, tandis que l’Afssa sortait de son habituelle réserve pour rappeler les parlementaires à l’ordre. Le problème, c’est que les efforts menés depuis trois ans par les pouvoirs publics pour rééquilibrer l’assiette des Français sont un échec patent. Quoiqu’ils en disent dans les sondages, les Français plébiscitent dans leurs achats hamburgers et pizzas au détriment de la viande fraîche et des fruits et légumes. Alors, coupables, les Français? Peut-être. Peut-être aussi victimes du fait qu’aujourd’hui, une pizza premier prix vaut trois fois moins cher qu’un déjeuner équilibré en produits frais.