Communiquer beaucoup pour parler peu
« Pour bien communiquer, il faut savoir parler de tout, sauf de l’essentiel». C’est ce que confiait en substance notre Guy Roux national il y a quelques jours à la presse sportive spécialisée. Un expert en la matière que l’entraîneur de l’AJ Auxerre, consultant vedette des media sur le football qui sait beaucoup parler des autres pour avoi moins à parler de soi. L’illustration de cet adage de la communication bien comprise s’étale tous les jours à la Une des journaux à qui veut bien déceler les artifices de l’exercice. Hervé Gaymard s’est même permis de nous en délivrer quelques clés cette semaine, lors de la présentation du budget de l’Agriculture. « Il n’y a rien de plus menteur qu’un budget. On peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut», a-t-il expliqué sans ambages. Au moins cette déclaration a-t-elle le mérite de l’honnêteté. Le syndicalisme agricole majoritaire en a d’ailleurs pris acte pour dénoncer le désintérêt grandissant des pouvoirs publics à l’égard de la question agricole. Au lieu de se lancer dans ce genre de déclaration, le ministre aurait peut-être mieux fait de lancer un sondage. Il aurait pu aisément lui faire dire que, oui, décidément, le budget était stable, voire en hausse. Pour contrer les faucheurs d’OGM, les semenciers et entreprises de phytosanitaires brandissent depuis quelques jours une enquête proclamant que 74% des Français désapprouvent les destructions de parcelles transgéniques. Ce qui ne prouve pas qu’ils soient favorables aux OGM. Mais l’essentiel, dans la communication, c’est bien, comme l’explique Guy Roux, de savoir déplacer le terrain de l’affrontement.