Comment les Siqo valorisent le territoire
L’Irqualim, qui fédère les productions régionales sous Siqo (signes d’identification de la qualité et de l’origine) de Midi-Pyrénées, a réalisé deux études pour connaître la véritable valorisation des produits et le coût pour les producteurs.
En 2005, une première analyse de la production fermière de l’AOC Rocamadour, comparée à celle des cabécous génériques, faisait apparaître un écart de 0,03 euro par fromage vendu par les grossistes et de 0,07 euro en grandes et moyennes surfaces (GMS), soit une recette supplémentaire de 7 500 à 17 500 euros pour une exploitation produisant 250 000 rocamadours par an. L’ail rose de Lautrec (Label Rouge et indication géographique protégée) est également bien valorisé (1 euro/kg de plus que l’ail standard) et permet aux producteurs de mieux résister. En 2008, dans le Tarn, un indicateur de rentabilité agricole montrait que les exploitations agricoles travaillant l’ail labellisé avaient une rentabilité de 8 % supérieure aux autres et que leur taux d’endettement était inférieur de 6 %.
Au-delà de la valorisation, qui est toujours supérieure pour les produits sous Siqo face aux génériques, les démarches qualité ont aussi l’avantage de « tirer vers le haut la production globale d’une région », comme le souligne Julien Frayssignes, auteur des deux études. « L’IGP-Label Rouge Agneau fermier du Quercy profite, par exemple, à l’ensemble de la production ovine du Lot dans la mesure où la démarche a su mettre en œuvre un accompagnement technique et des schémas d’or-ganisation qui ont permis d’obtenir une réelle professionnalisation de tous les acteurs et un niveau de qualité des produits reconnu. Ainsi, la plus-value accordée au titre du Label Rouge concerne l’ensemble des animaux conformes au cahier des charges. »
Une clé d’entrée en GMS
Les Siqo sont également une porte d’entrée pour le référencement en grande distribution. Pour tous les produits étudiés, l’obtention du signe de qualité est allée de pair avec un accroissement des volumes, induit en grande partie par le développement des ventes en GMS. Enfin, grâce aux Siqo, les bassins de production sont plus résistants aux phénomènes de restructuration de l’activité agricole. Avec les IGP et les AOC-AOP, les emplois ne sont pas délocalisables. À Rocamadour, l’obtention de l’AOC a permis l’émergence d’une importante transformation laitière, en « rapatriant » plus de 2,5 millions de litres de lait de chèvre, valorisé auparavant hors du département. « 2009 a d’ailleurs été riche en enseignements, confirme André Valadier, membre de l’Inao. Malgré la crise, plus de la moitié des AOC fromagères françaises ont allègrement résisté et certaines ont même été en progression. » Un bilan global qui conforte la Région Midi-Pyrénées dans sa politique d’aide au développement des Siqo, à laquelle elle a consacré 3 millions d’euros en 2010. Aujourd’hui, 33 % des exploitations de Midi-Pyrénées (15 903) produisent au moins un des 120 Siqo régionaux. Cette activité représente 18,79 % du chiffre d’affaires global de l’agriculture régionale, soit 612 millions d’euros.