Comment inciter les éleveurs de porcs à investir dans l'aval
Pourquoi mettre des billes dans un secteur qui va mal ? La Fédération nationale de la coopération Bétail et Viande (FNCBV) s'est efforcée d'attirer les éleveurs vers l'aval, lors de son congrès à St Malo la semaine dernière. Une tâche difficile, car les entreprises d'abattage et de découpe ne sont pas au mieux. Plusieurs témoignages ont été présentés, devant le désormais collège Porc de la section Bétail et Viande de Coop de France.
L'un concerne les Abattoirs industriels de la Manche (AIM). « Il est difficile d'apporter une réponse claire et nette à cette question », a affirmé d'emblée Jean-Pierre Vincent, directeur du groupement de producteurs Cap 50. Celui, qui a pris les commandes d'AIM, n'est pourtant pas à court d'arguments. La reprise de l'outil est intervenue fin 2003, au moment du retrait des frères Pien et de Sanders.
Pour en expliquer la genèse, Jean-Pierre Vincent a parlé d'une recherche de valorisation, d'un attachement à la notion de région, à travers la Certification de conformité de produit (CCP) et la démarche Gourmandie. Cap 50 produit 325 000 porcs par an dans la Manche et le Calvados. Le groupement fournit 42 % des volumes de l'abattoir. Aim représente 15 000 porcs abattus par semaine à Sainte Cécile, 15 000 tonnes de viande par an (bœuf, veau, mouton) à Antrain et 5 000 tonnes de viande par an à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), soit un chiffre d'affaires total de 200 millions d'euros. « Les éleveurs sont attachés à leur outil local, qui offre des facilités de services, permet des économies de transport, et assure l'abattage des coches, a-t-il poursuivi. Nous sommes convaincus que l'abattage est le prolongement nécessaire de la production. Acquérir un outil constitue une démarche citoyenne et marque une volonté d'être acteur du développement local. »
Pas d'amélioration du prix du cochon
Cap 50 possède aujourd'hui 61 % du capital de la holding d'AIM, au côté de fabricants d'aliments du bétail. Trois ans après l'acquisition, son directeur a analysé le ressenti des producteurs. « L'organisation en filière est un gage d'efficacité, a-t-il dit. Nous sommes davantage reconnus et écoutés sur le plan professionnel et politique. L'opération conforte l'identité du groupe et offre des perspectives de développement. En revanche, il ne peut y avoir d'avantage financier à court terme. Le cochon n'est pas payé plus cher. »
Un autre exemple a été donné par Gérard Viel, président du conseil de surveillance d'Arca. « Notre modèle ne peut pas être forcément dupliqué », a-t-il prévenu. L'Union est issue du mariage entre une coopérative polyvalente, Terrena, et un groupement spécialisé en production animale, Arco. Elle pèse aujourd'hui 3 M de porcs, 120 000 t de viandes, pour un CA de 400 M€. La structure se veut ouverte à d'autres opérateurs. Une Sica a été créée à cette fin. « La restructuration porcine n'avance pas vite en France, a souligné Gérard Viel. Faut-il de nouvelles têtes, un changement de mentalité ? Une démarche plus volontariste est nécessaire. Si d'autres nous rejoignent, on pourra faire basculer les choses. »