Comme Jag
La belle victoire de Jag de Bellouet dans le Prix d’Amérique est riche d’enseignements. Par exemple : Jacques Chirac, encore absent cette année, ne s’intéresse décidément pas aux chevaux, dommage. François Mitterrand ne dédaignait pas, lui, de venir à Vincennes, et on le voit sur certaines photos se passionner pour la course d’Ourasi qui volait vers sa troisième victoire. Et aussi : à la différence du galop, où il faut une fortune pour acheter, élever et courir des chevaux, le trot reste l’apanage de petits éleveurs qui animent, entretiennent, valorisent l’espace rural. Nous aimons ces élevages à taille humaine, où la vigueur hétérosis ne se décide pas à l’ordinateur. Enfin l’allure même du trot donne à réfléchir. Ce n’est pas la course la plus rapide ni la plus naturelle, mais la plus équilibrée et la plus élégante. Cette façon de mettre un pied devant l’autre et de recommencer, avec des règles et une discipline consenties, n’est-elle pas un exemple pour nous ? Voici ce que je crois : la vie est un champ de course, nous avons tous une chance d’arriver placés, parfois gagnants et, au fond, le PMU est un impôt plus juste que la taxe locale. Mais une question me turlupine : qui donc est assis au sulky derrière moi, si lourd à traîner et qui, quand je gagne, prend la coupe et le chèque et me laisse à peine l’avoine ?