Comme dirait Greenspan
Alan Greenspan eut un jour un joli trait d’esprit. A un journaliste qui, à l’issue d’une conférence de presse, le félicitait pour la clarté de ses déclarations, le célèbre directeur de la Fed répondit laconiquement : « Je vois que vous ne m’avez pas bien compris…» Les hommes de pouvoir aiment s’entourer de mystères, et de mots à double sens. Quand les choses sont faites, et dites, avec talent et efficacité, on pardonne volontiers la supercherie qui consiste à faire croire qu’on ne dit pas ce qu’on dit, et inversement. Mais quand la balourdise ajoute à l’inexactitude, le résultat n’est pas fameux. Prenons cette affaire du gaz : on se contorsionne pour expliquer que la hausse ne sera pas la hausse, enfin pas tout de suite. Personne n’est dupe. Dans un an, rendez-vous ici et nous aurons tous une forte augmentation sur nos compteurs. Quant à la négociation OMC, on ferait mieux d’être clair : la France n’a évidemment pas les moyens d’imposer sa volonté au reste du monde. Il parait qu’elle « se réserve le droit de ne pas approuver » un éventuel accord à Hong-kong. C’est clair comme du Greenspan, et si vous croyez que cela signifie que la France ne signera pas, c’est sans doute « que vous n’avez pas bien compris. »