Come-back
La décision est passée quasiment inaperçue. Il y a une dizaine de jours, les Britanniques ont décidé de remplacer leur système d'abattage des bovins de 30 mois par une procédure de tests systématiques de l’ESB, comme le font les autres pays européens. L'industrie britannique va ainsi remettre dans les mois qui viennent sur son marché domestique, puis sans doute rapidement au-delà, des milliers de tonnes de viande bovine supplémentaires. Cette décision sera lourde de conséquences pour le marché européen de la viande.
De source professionnelle française et européenne, on estime que la production britannique va passer de 709 000 tonnes en 2004 à 743 000 t en 2005 (dont 23 000 t de « plus de 30 mois »), puis 875 000 tonnes en 2006 (dont 185 000 t de « plus de 30 mois »). Consommant plus de bœuf national, le Royaume-Uni aura moins recours à l'importation dans les années qui viennent : 520 000 t en 2004, 475 000 t en 2005, puis 380 000 t en 2006. Cette modification de l'approvisionnement devrait essentiellement affecter l'origine irlandaise, premier fournisseur de viande bovine du Royaume-Uni avec 144 000 tonnes. A court terme, 70 000 tonnes de viande bovine irlandaise devront ainsi trouver preneur ailleurs, selon les mêmes sources. Il est aujourd'hui difficile d'évaluer l'impact du retour du bœuf britannique « de plus de 30 mois » sur le reste du continent. Sa ré-autorisation dans l’UE, qui ne fait aujourd’hui l'objet d'aucune opposition de principe, n'est plus qu'une question de mois (on parle du début 2006). Au moment où Bruxelles négocie une plus grande ouverture du marché européen pour le bœuf sud américain, ces chiffres mériteraient d'être pris en compte.