Collation : le ministère botte en touche
La collation matinale à l’école a été saisie l’année dernière par la DGS (Délégation générale de la santé) d’une demande d’évaluation, l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) s’est prononcée au mois de janvier en faveur de sa suppression. « De par sa composition, son horaire, son caractère systématique et indifférencié, elle n’est pas justifiée et ne constitue pas une réponse adaptée à l’absence de petit-déjeuner», assène l’agence.
Malgré cette réponse sans ambages, le ministère de l’Éducation nationale a relayé une information quelque peu différente. Au mois de mai, via une lettre circulaire adressée aux recteurs, inspecteurs et directeurs d’école, il a proposé de continuer la distribution de la collation matinale, mais dans un cadre légèrement différent. Elle devra ainsi être proposée dès l’arrivée des enfants à l’école ou, au minimum, deux heures avant le repas du midi, sans aborder de manière pratique la variété des produits proposés ou les aspects techniques (entreposage, distribution, etc.). Le ministère cherche également à encourager le dialogue entre les familles et les responsables de la collectivité pour trouver la formule la plus adaptée. Néanmoins, force est de constater le décalage entre l’avis de l’Afssa et l’Éducation nationale.
« Le ministère fait son travail, il s’est contenté de reprendre une circulaire interne », estime Jean Lou Germain, président du CCC (Comité de Coordination des Collectivités) et gestionnaire de la restauration du lycée Désiré Nisard (Côte d’Or). « Il a juste informé les établissements. Concernant l’avis de l’Afssa, il n’y a pas de suite actuellement car ce n’est pas un texte contraignant, il n’a pas force de loi». Une justification qui rappelle le dernier avis du CNA (Conseil national de l’alimentation) rendu au mois de mai dernier.
« Faire le point au trimestre prochain »
Dans son avis n° 47, le CNA déplore le manque de suivi de ces recommandations, et demande que la circulaire sur la restauration en milieu scolaire de juin 2001, qui fixe les règles en matière de nutrition et d’équilibre, devienne texte de loi. « Nous sommes exactement dans le même cadre, la situation est identique » déplore M. Germain. Selon lui la parution de l’avis de l’Afssa suivie de la circulaire du ministère n’a pas eu d’impact significatif sur cette fameuse collation matinale. « On pourra faire le point au trimestre prochain, au niveau des écoles» conclut le président du CCC. Quant à un éventuel changement de ligne directrice ou une meilleure prise en compte des conclusions de l’Afssa, ils ne semblent pas être à l’ordre du jour. Après avoir vu les avis du CNA prendre la direction du placard, celui de l’Afssa semble devoir subir le même sort.