Cognac : ça chauffe chez Ferrand
Un désaccord entre ses deux actionnaires principaux est en train de sonner le glas des vénérables Cognac Ferrand, une des plus anciennes maisons du négoce, qui affichait encore en 2006 un CA de 30 millions d’euros. Le conflit ouvert, qui partage le personnel et freine l’activité, met l’entreprise en péril à différents niveaux, de la production à la commercialisation. Une vingtaine de salariés ont quitté le navire dans les dix huit derniers mois, tandis que les maîtres de chais et les vendeurs rendaient tabliers ou carnets de commande.
Guerre de tranchées
Le ver est dans le fruit en raison du duel entre Alexandre Gabriel, et Jean Dominique Andreu, seize employés sur la trentaine restante prenant fait et cause pour le premier, les autres pour le second. Au sein du schisme deux tribunaux, un de commerce à Versailles, où se trouve le siège de la société, l’autre de même catégorie à Cognac, lieu de l’unité de production. Tous deux se rejettent responsabilité et doutes de partialité, sur fond de cessation de paiement demandée par l’un, refusée par l’autre, et de guerre de tranchées.
Au-delà d’une affaire d’intérêts qui oppose les deux propriétaires, le climat devient délétère sur le domaine Cognaçais de Ferrand (à Bonbonnet) tandis que les aléas négatifs s’accumulent. Faute de les avoir conservé, la Maison n’a plus qu’un commercial aux Etats-Unis contre dix il y a quelques mois, et plus aucun en Europe. Les commandes sont en chute libre, avec la perte d’un important contrat vers la Russie, alors que, fonction aggravante, l’entreprise vient de se voir retirer le 15 décembre dernier son cautionnement auprès des douanes. De quoi ne plus pouvoir vendre ou stocker la moindre bouteille, et donc de fermer les portes. Un sursis a été obtenu auprès de l’administration pour un report de décision jusqu’au 4 février. Ensuite, sauf rétablissement miraculeux, la plus jeune et jadis prometteuse entreprise française de Cognac risque de disparaître.