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Climat : coup de chaud sur le monde agricole

Selon les récents travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, le réchauffement moyen de la planète pourrait être compris entre 2 et 4,5 degrés, avec un scénario probable autour de 3 degrés. L’impact de ces changements climatiques sur le monde agricole était au cœur d’un colloque organisé mardi par l’Inra, et les chercheurs présents n’ont pas fait montre d’un optimisme forcené devant les modifications attendues.

Le premier impact du réchauffement pourrait être la modification des pratiques culturales, voire la nature des cultures elle-même. « Il faut jouer sur les deux tableaux » a assuré Christophe Terrain, président d’Arvalis et de l’Association générale des producteurs de maïs. Parmi les zones les plus susceptibles d’être touchées, le sud-ouest doit dès maintenant anticiper ces mouvements et gérer l’approvisionnement en eau, une situation saisie par M. Terrain pour évoquer « l’amélioration génétique, qui nécessite une plus grande réactivité qu’autrefois ».

OGM, ni promus, ni rejetés

Ni promue ni rejetée par les chercheurs, la voie des OGM a été évoquée au cours du colloque, tout comme une meilleure sélection des variétés adaptées au climat à venir. Comme le sorgho, le maïs peut atteindre une sensibilité plus faible à la chaleur (d’ailleurs observée), mais la mobilisation accrue des ressources de la plante peut entraîner un risque accru de mort totale de cette dernière, et donc une chute des rendements. Se pose alors la question de remplacer petit à petit les cultures, « mais va-t-on abandonner la baguette pour la polenta ? s’est interrogé le chercheur François Tardieu. Il s’agit là non pas d’une question de recherche, mais de société et de marché économique » a-t-il poursuivi. À l’image des changements de cycle des arbres fruitiers, le climat méditerranéen, appelé à progresser sur le territoire, pourrait transformer certaines zones AOC comme l’indique la progression du cépage syrah sur le continent. « Mais pour l’instant, nous ne voyons pas encore de changements dans les cultures dus aux températures. Ce serait plutôt dû à la PAC » a observé avec un brin d’humour Bernard Seguin, directeur de recherche agroclimatique à l’Inra d’Avignon.

En matière animale, dans lequel les recherches sont moins poussées, l’évolution climatique modifie les cartes des maladies émergentes, bien que les prévisions restent un exercice difficile. L’observation a cependant conclu à l’extension de la fièvre catarrhale ovine, d’abord répandue dans le pourtour méditerranéen. Localisée en Corse il y a quelques années, cette maladie est remontée pour atteindre le continent et la Provence en 2005. Globalement, le monde agricole prend petit à petit conscience des changements, par exemple perceptibles avec l’augmentation du taux de sucre des vins.

En céréales, l’indemnisation des pertes et l’assurance récolte sont des thèmes de plus en plus évoqués, mais les stratégies d’adaptation vont devoir se mettre en place. « À court terme, en gardant les mêmes systèmes de culture, en optimisant l’irrigation et la substitution des intrants, il existe des marges de manœuvres » note Alban Thomas (chef de département adjoint sciences sociales, agriculture et alimentation, espace et environnement à l’Inra Toulouse). « À long terme, en modifiant les cultures avec par exemple le remplacement du maïs par le sorgho, moins gourmand en eau, on diversifie les risques. Mais la limite réside dans l’organisation des filières. L’alimentation animale pourra-t-elle suivre ? ».

Rédaction Réussir

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