Classé X
Le ministère de la Santé envisagerait de proposer «la suppression totale de la publicité des produits alimentaires manufacturés sur toutes les antennes de la télévision française entre 7 heures du matin et 22h30», croit savoir Le Figaro (13/3). Le classement X du camembert et du steak haché paraît très improbable, compte tenu des sommes en jeu (1,8 milliard d’euros selon le quotidien) et de l’absurdité de la mesure (quoique le caractère inefficace d’une proposition ne constitue pas à ce niveau un critère suffisant pour qu’elle soit écartée par principe). Néanmoins, si le ministère de la Santé est cohérent, le raisonnement qui l’a mené là devrait le conduire à réclamer aussi l’interdiction de la publicité pour les automobiles. Car, de deux choses l’une, si les stimuli visuels en faveur du gratin dauphinois et de la daube provençale amènent inéluctablement à en abuser jusqu’à l’obésité, les spots pour les cabriolets et les 4 x 4 sont incontestablement des causes directes d’accidents. Le ministère de l’Ecologie pourrait logiquement s’associer à cette démarche. Elle excluerait enfin toute image favorable de carrosserie rutilante. Le visionnage de voitures avalant sans retenue les kilomètres est sans conteste une incitation à la pollution de la planète. A ce rythme, la question de la publicité sur le service public risque d’être vite réglée, faute de combattants. Plus sérieusement, l’idée d’une loi Evin des produits alimentaires semble en train de se dessiner de plus en plus clairement. Une telle issue constituerait un grave échec pour les principes d’autorégulation, de responsabilisation des opérateurs et de dialogue avec les autorités sanitaires qui devraient prévaloir. Et un triste constat sur l’état de la société toute entière.