Charcuterie : Madrange cherche un repreneur
La cession de Madrange est engagée, après les déclarations en Comité d’entreprise le 17 janvier à Limoges de son PDG Gérard Micheleau. Mais pour ce dernier, on en est qu’à la phase initiale du processus, et il n’est pas question, contrairement à ce que craignent les syndicats, que l’affaire se termine en restructuration. Avec 394 M€ de CA en 2006 et plus de 400 annoncés pour 2008, le jambon star se porte bien malgré quelques tumultes. Réunissant 1700 salariés, l’entreprise apparaît pour un repreneur potentiel comme une société prestigieuse à l’avenir rentable. D’où l’intérêt marqué – mais supposé, car sans confirmation – de deux acheteurs possibles, la coop agricole bretonne CECAB et l’américain Smithfield qui seraient sur les rangs. « Pour le premier, je peux affirmer qu’il n’en est rien, temporise le dirigeant, d’autant plus que j’en suis issu en tant qu’ex-directeur général. Pour le second, je n’ai encore vu personne, mais ces deux entités sont avancées par les syndicats qui agitent le spectre de la casse de Madrange. »
Car tout dans ce nouvel épisode d’une histoire déjà très agitée est lié aux représentants du personnel. En guerre ouverte avec la direction depuis des années, la CGT, attaquée devant les prud’hommes par l’ancien PDG Jean Madrangeas, a lancé une procédure d’alerte. Le tout relayé avec sympathie par la presse locale. « Pourquoi voulez-vous que nous nous bradions ? » s’interroge Gérard Micheleau. Nous sommes en progression, dans une des plus belles entreprises de la région, et, au risque de me répéter, cession n’est pas dégradation…» Autre rumeur immédiatement colportée, la possibilité de déménager une partie de la production (3.000 tonnes) de Limoges-Feytiat à Ablis dans les Yvelines, ancien site Géo (repris en 2005).
Un prévisionnel 2008 positif
Estimée par les militants à quelques 60.000 heures de travail, cette stratégie n’est pas pour l’instant à l’ordre du jour, d’après le PDG qui confirme cependant que « des marchés sont en cours de transaction, qui pourraient, s’ils étaient annulés, aboutir à cette délocalisation qui ne porte aucun risque pour l’emploi et qui se fera dans la transparence et le partenariat social. »
En attendant une suite qui s’écrira certainement dans leurs pages, les quotidiens et médias locaux font leur une sur une vente de Madrange. Côté personnel, on reste prudent tout en marquant une inquiétude réelle sur les possibilités d’avenir, que l’on soit syndiqué ou pas. Mais comme le rappelle justement la direction, si le Jambon Star, leader européen du secteur, se cherche un repreneur, aucune urgence financière ou économique ne se dévoile à l’horizon 2008. « Nous sortons un bilan 2007 qui sera en recul par rapport à 2006, reconnaît-il (chiffres non encore connus). Mais nous avons bon espoir pour 2008 avec un prévisionnel qui sera positif et dynamique et de nouveaux projets de développement que l’on soit cédés ou pas. »